Tombeau [Liste]

Ça m’avait quand même surpris qu’elle vient en noir, comme ça, d’un coup, un jour.
On se connaît depuis trois ans, Elianne et moi. Les deux premières années, lorsqu’elle est venue dans cette tenue, je n’ai fait qu’être surpris.
La troisième fois, je l’ai suivie.
Oui, oui, je sais, ça va, ça ne se fait pas. Pas besoin de me le seriner. Mais bon. On est curieux ou on ne l’est pas, hein. Et moi, je le suis.

Ses vêtements étaient tout de même troublants. Toute de noir vêtus, elle portait un pantalon souple, un grand pull à col roulé, une écharpe qui, remontée, lui cachait le bas du visage, et un grand manteau en cuir par-dessus.
Au début, je l’ai même prise pour un homme.
Elle a marché un bon moment. J’ai fait mon possible pour qu’elle ne me voie pas.

Sa marche a finit une demi-heure après le début de l’expédition, dans une forêt, devant un arbre énorme, à tous les coups centenaire.
Après, il y a eut un silence. Un silence pesant comme une chape de plomb. Enfin, elle a parlé.

- C’n’est pas très respectueux de suivre les gens, Matt. Approche. Je ne vais pas te manger.

Obéissant, j’avançais. Après un nouveau temps de pose, comme dans une mélodie, je finis par lui demander ce qu’elle faisait là.
Elle eut un sourire amusé et me décocha une petite œillade du genre « et toi, que fais-tu ici ? ».
Je me ratatinais sur place, mais elle répondit tout de même.

- C’est demandé si poliment, alors je vais te répondre. Je suis venue voir de vieux amis.

Silence.
Je l’observai d’un air entendu. Dans ce cas, ou étaient-ils ?
N mince courir squatta son visage, le temps de pointer le doigt vers le sol.

- En gros, tu marches dessus.

Aïe.
Mauvais, ça. Très mauvais.
Je marmonnais de vagues excuses, elle mer répondit que c’était sans gravité.
Ce ne fut qu’après de longues minutes de blanc respectueux que j’osais enfin lui demander ce qu’il s’était passé. Sans bruits, elle se mit en mouvement, faisant lentement le tour du centenaire.
Elle s’arrêta, à plusieurs reprises, un air douloureux sur le visage. Je n’eus pas de peine à comprendre que les endroits ou elle s’étaient arrêtée étaient leur tombe. J’en dénombrais une quinzaine.
Au bout d’un moment, elle finit par s’adresser à moi.

- Tous les miens sont enterrés autour de cet arbre. Tous décimés par la maladie. Une maladie inconnue qui les as fait mourir de fièvre. J’ai été la seule épargnée, parce que la plus jeune. J’avais douze ans quand j’ai du les mettre en terre, les uns après les autres. Mon grand frère en dernier. Ils sont tous ici. Je leur rends visite chaque année.

Je baissais la tête, comprenant le sens caché de ses paroles.
Le peuple d’Elianne, les vampires, s’étaient éteins quelques années auparavant, suite à cette guerre absurde, cette « croisade », que les humains avaient menés contre eux. Ils avaient finit par trouver un virus qui les avaient tous tués comme des mouches.

Elianne venait d’avoir seize ans.
Esclave de son passé, à rester près des cadavres dont le virus était encore actif, elle en succomberait sûrement dans peu de temps.


Thème associé :20. Esclave
Et un cahier d'écriture de finit, un ! xD