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Il courait.
Vite. Vite. De plus en plus vite. On aurait presque dit que ses pieds ne touchaient plus le sol.
Ses habits en lambeau le gênaient, ils s’accrochaient aux angles vifs des rues et laissaient des marques de son passage bien trop évidentes, malgré tous ses efforts pour être invisible.
Il fallait qu’il aille plus vite.
Il le rattrapait.

Ca devait bien faire trois mois. Trois mois qu’il traversait le pays en long, en large et en travers pour tenter de lui échapper.
Mais on aurait dit que ce type lui avait collé une puce à GPS dans le corps, il n’arrivait vraiment pas à le semer, ça en devenait presque frustrant.
Tournant à un angle, il laissa sur le sol la chemise – ou plutôt ce qu’il en restait – qu’il portait avant, continuant torse nu et en pantalon.
Il tourna dans plusieurs rues, le plus vite possible, dérapant sur le sol humide, s’enfonçant de plus en plus loin dans les ruelles sombres.
Et forcément, ce qui devait arriver arriva.
Un cul de sac.

Désespéré, le jeune homme s’avança précipitamment vers le mur du fond, le frappant de toutes ses forces, répandant un peu de sang dessus.
Ça ne pouvait pas être possible.
Pas maintenant.
Il voulu se retourner, repartir pour fuir à nouveau.
N’en eut pas le temps.

Une silhouette venait d’apparaître en contre-jour, projetant sur le goudron froid une ombre des plus menaçantes. Il frissonna.
Ça y est.

- Tu m’auras bien fait courir, dis donc… Après tout, c’est normal…

D’un pas menaçant, il s’avança.
Son interlocuteur était tétanisé, il ne pouvait plus bouger un seul muscle. Même s’il le voulait de toutes ses forces, il se savait incapable de bouger.
C’était son mode opératoire. Il empêchait ses victimes de bouger, puis…

Un cri retentit dans la ruelle. Un cri de douleur déchirante.
Le prédateur sourit méchamment, observant le couteau planté sur la ligne de la colonne vertébrale, entre les deux omoplates.
Des étincelles brillèrent, un long moment, au dessus de celles-ci, puis enfin, elles apparurent.

Deux immenses ailes bleues et argentées, scintillantes a la faible lueur des rayons qui atteignaient la ruelle.
Des ailes ressemblant traits pour traits à celles des papillons.
Des ailes de fées.

Sans s’émouvoir le moins du monde de la beauté du spectacle qu’il avait devant lui, l’homme décrocha le poignard du dos de sa victime, tranchant d’un coup sec les deux ailes, arrachant un nouveau cri.
Sourire pervers.
Les ailes rapetissirent lentement, jusqu’à pouvoir tenir dans la paume de celui qui venait de les arracher. Sans un mot, il les enferma dans un petit bocal qu’il posa dans sa poche et se releva, laissant la celui qu’il avait dépossédé de son bien.

Seul dans la nuit au fond de cette ruelle des plus sombres, un râle s’extirpa de la nuit.
La dernière des fées venait de mourir.

Thème associé : 33. Fée