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 Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )

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Thrawn
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Thrawn


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MessageSujet: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMar 26 Aoû - 20:41

Il y a de cela quelques années, un auteur français au style bien particulier réussi à percer, et à conquérir, au delà du public français, les quatre coins du monde, notamment la Corée du Sud, où ses ouvrages se vendent par millions.
Bernard Werber est l'un des rares auteurs à pouvoir se targuer de vivre de son oeuvre.

Son premier roman à m'être tombé sous la main fut L'île des Sortilèges, le premier volume du Cycle des Dieux.

Sont ensuite venus le Souffle des Dieux et le Mystère des Dieux, venus enrichir ma bibliothèque depuis leurs sorties respectives.

Ces oeuvres, non contentes d'être de petits chefs-d'oeuvres, sont aussi de véritables encyclopédies, entrecoupées de détails historiques, légendaires, scientifiques.

Dans cette FanFiction, je n'en ai pour ma part pas mit, n'en voyant pas l'utilité ou n'en ayant pas l'opportunité.


Quoi qu'il en soit, je vous souhaite une bonne immersion, bien que je ne prétende pas avoir la plume du créateur de cette Univers. Wink


------------------------------------------------

Chp1 - "Souvenirs" ou "Introduction"


0. L'Oeuf Cosmique, l'origine
1. Le minéral
2. Le végétal
3. L'animal
4. L'Humain
5. L'Humain intelligent
6. L'Ange

Jusqu'ici, voila ce que je savais de l'Univers. C'est déjà beaucoup, trouveront ceux qui restent bloqués à 5, dans le Paradis ou sur Terre. Je me souviens de mon vivant, en Europe. Un simple français, sans particularité spéciale dans la multitude, sinon, selon certains, une imagination débordante. Ma mort, je m'en souviens comme si c'était hier. Un bête accident dans mon parcours devrais-je dire : un attentat. Une mort bête, inutile et somme toute un peu stupide pour moi qui n'avais jamais cherché à nuire à autruit. Mais c'est comme ça, je n'y peux plus rien maintenant. Mieux, cette mort m'a permit de gagner suffisement de points pour être jugé devant les Archanges et entrer dans l'Empire des Anges.

Je me souviens de mon avocat devant les maîtres de la réincarnation. De qui aurais-je pu rêver sinon de celui qui innocenta Dreyfus ? Car c'est bien Zola qui m'a défendu. Selon le comptage, je n'aurais pas eu besoin d'une grosse défense, mais bon, c'était l'occasion pour lui de s'entrainer et pour moi de rencontrer un écrivain de génie, alors forcement...

Dans l'Empire, j'ai rencontré d'autres Anges, et j'ai été étonné d'en voir que je connaissais, au moins de nom. Ainsi je croisais parfois Zola, Luly ou même, à mon grand étonnement, Marilyn Monroe ! Mais surtout, j'y revis mes compères de toujours : Kévin, dit "Van" et Clément, de vieux camarades que je connaissais depuis l'enfance. Mais hélas, nos horaires ne nous permettaient pas de nous voir régulièrement. Car on travail là-haut, faites moi confiance ! On vous surveille, chaque jour, chaque seconde de votre vie, on vous guide dans vos choix, ou du moins on essaye, et surtout, on tente de réaliser vos ambitions. Et ce n'est pas de tout repos. Tenez, mes clients par exemple, un panel merveilleux du genre humain : John, un Anglais qui devint lieutenant dans la Royal Air Force, Manuel, un brave Bresilien qui devint policier et Aya, une jeune japonaise qui travaillait à l'élaboration des consoles vidéo de demain. Contrairement à ce que vous pourriez penser, tout ne se passa pas pour le mieux, hélas. Manuel a fini tué par un baron de la drogue et Aya est restée vieille fille, chose rare au Japon, car elle était trop plongée dans son travail. Seul John, en fait, s'en est plutôt bien sorti : deux gosses, une épouse et un bel enterrement après soixante ans de bons et loyaux services sous l'Union Jack.

Et où suis-je aujourd'hui ? Ah, vous cherchez ? Indice : l'Empire n'est qu'une étape, mes chers amis ! Eh oui, j'ai moi-même du mal à réaliser, c'est dire au vu de ce que j'ai vécu ! J'ai ni plus ni moins été aspiré hors de l'Empire en passant sous le lac des créations, lors de mon petit tour habituel. Vous le croyez ça ? Trainé à travers l'Univers jusqu'ici, une planète perdue au fond du cosmos où nulle vie ne s'est jamais développée, mais où la flore est luxuriante. C'est bien simple, on se croirait dans le sud de la France ! Le nom de ce petit paradis ? Accrochez-vous : A-E-D-E-N. Adam, Eve, ça ne vous dit rien ? Si ? Ce serait malheureux quand même... Après avoir failli me noyer lors de l'amerissage, particulièrement douloureux lorsque mes poumons se sont remis à respirer, j'ai longtemps erré sur la plage, nu comme un ver à me demander ce que je faisais là, pourquoi diable d'Ange étais-je repassé mortel, lorsqu'une brave bête s'est chargée de me répondre. Une chérubine, toute petite, toute menue, m'a fait signe de la suivre, et je suis arrivé, embrousaillé un minimum, devant les portes d'une grande cité de marbre blanc. Olympie, m'a-t-on dit, la cité des Dieux ! Une brave divinité du nom de Dionysos, qui gardait la porte d'entrée pour m'acceuillir, m'a alors donné un vêtement et m'a expliqué ce que je faisais là, pour que je n'ai pas l'air d'un touriste : c'aurait été mal vu comme vous vous en doutez sûrement.
- Thrawn, m'a-t-il dit, tu as été choisi pour être élève-dieu parmi la 12ème promotion de 144 élèves (12 au carré = perfection des perfections) venus de toute Terre1, ta planète d'origine. Voila la clef de ta villa, la numéro 12, justement. En entrant, tu veras une croix ansée sur la table de salon, un ankh si tu préfères. Prends-le avec toi et retrouve tout le monde à l'amphithéatre, en face du grand arbre en partant d'ici, à 15 heures. Tu as le temps, il est 13 heures à peine, mais je te préviens, ne sois pas en retard, d'accord ?

Oui, voila où j'en suis et ce que je sais après avoir lu une sorte de brochure à coté de mon ankh :
7. Les Dieux.
- 7.1 L'élève-dieu
- 7.3 La chimère (chérubins, centaures, ...)
- 7.5 Les Dieux auxiliaires, ou Héros
- 7.7 Les Maîtres Dieux

Puis j'ai suivi des cours particuliers, vraiment très particuliers, donnés par les Olympiens eux-mêmes. Héphaïstos a succédé à Chronos, puis sont venus Poséidon, Ares, Hermes, Aphrodite et les autres, jusqu'au dernier professeur, Athéna. Ses paroles, dites alors qu'elle m'avait retenu à la fin de la classe, résonnent encore dans mon esprit.
" Ton peuple s'est allié, s'est détaché avec élégance et fair-play. Il a subi trahison sur révolution avant de se soumettre pour enfin se libérer. Tu as joué avec talent, réfléchissant aux conséquences avant d'agir. Ton peuple a joint des Empires comme ceux de Zola avant d'être confrontés à d'autres comme ceux de Napoléon. Peut-être serait-il temps de bâtir enfin le tiens, non ?"
Et lorsque je lui ai demandé si elle désirait personnellement que je gagne, c'est dans un sourire triste qu'elle m'a répondu :
" Oui, je le voudrais. Je le voudrais vraiment."

Ah, mon peuple... Oui, car ici, on dirige des peuples, voyez-vous. Chez les mortels, vous jouez sur vos ordinateurs pour diriger des armées, des civilisations, des "héros" dans des aventures épiques, chez les Anges, on vous aide à réaliser vos aspirations, eh bien ici, on mélange le tout. Ainsi, les Anges assistent nos desseins, qui deviennent plus ou moins les vôtres. Nous avons en fait prit les commandes lorsque Terre12, notre planète de "Jeu" en était eu Néolithique. Et aujourd'hui, ah ! Ils en sont à une période technologique comparable à celle du Premier Empire de Terre1, ma planète d'origine ! Et qui dirige, je vous laisse deviner... Bonaparte ! Il en a apprit des choses depuis l'Empire des Anges, je vous le garanti, et chaque minute de jeu me parait presque un nouveau Waterloo ! Il s'est allié plutôt que de soumettre, et Vauban, Jean Renoir, Matisse et Luly le suivent, avec plus ou moins d'entrain. Comprenons-nous : les Bonapartes, son peuple, contrôlent les océans avec leur flotte terriblement compétente, alors que les Vaubanais, le peuple de Vauban, dirigent une armée qui semble plus un raz-de-marée de fusils et de canons. Imaginez les Anglais associés à l'Empire. Voila un peu ce à quoi mon peuple refuse de se joindre.

Je vous entends déjà : pourquoi ne rejoins-je pas immédiatement cette magnifique coalition ? Je vous répondrais : par loyauté ! Car les 5 membres de ce je surnomerais "l'Empire" ne sont pas les seuls à participer comme moi à la finale. Non, il y a 6 autres participants, qui m'ont tous un jour sauvé ou soutenu : Emile Zola, mon angélique avocat dont l'expansion territoriale m'avait permi de rattrapper mon retard technologique, et même de prendre de l'avance. Mais aussi Maupassant, qui me soutient par le foisonnement de ses intellectuels, Van, un vieil ami dont l'industrie est notre fer de lance, Clément, un autre ami de ma vie de mortel puis d'ange et dont les troupes font face en permanence à l'ennemi, Molière, dont le terrain fertile et les idées tactiques et politiques s'avèrent toujours utiles, et enfin Emma Dupuis, une jeune femme charmante sous tous rapports dont l'esprit n'a d'égale que sa férocité et ses coups retords !

Me voila donc piégé, disposant d'un peuple qui pourrait faire pencher la balance des forces. Car j'hésite puisque, même si nous nous affrontons par nos peuples sur Terre18, ce n'est pas le cas en Olympie ! Il n'est pas rare que je discute aimablement avec Vauban, Matisse ou même Luly, qui sont tous d'une extrème gentillesse. Au fond, seul Bonaparte est un peu coincé depuis que Lafayette s'est fait expulser du jeu, son peuple ayant été vaincu part celui d'Emma.
" Bâtir enfin le tiens..."

Pourquoi les Maîtres-Dieux se sentent-ils forcés de parler par énigmes interposées ?! C'est quand même incroyable ! Et a qui tenter de parler, pour qu'il m'aide à résoudre mon trouble ? Ares s'était dit interressé par mon style de jeu "réaliste face aux causes-conséquences à long terme", mais ce n'est pas sur des questions de loyauté qu'il faudrait interroger le Dieu de la Guerre. Sisyphe ? L'ancien roi de Corinthe, maudit par les Dieux, est souvent de bon conseil, mais la fée qui le surveille m'empechera de lui parler... Herakles ? Hera ? Pas Athena, elle m'aurait déjà éclairé si elle l'avait voulu... Assez !

Je me lève de mon fauteuil, il faut que je bouge ou je vais finir cinglé ! Si c'est pas malheureux de subir ça à un niveau de conscience aussi élevé ! Le scrupule, le doute. Ca m'énerve ! Je tape bêtement du pied en fixant les tranches des livres vierges de la bibliothèque. Il aurait surement fallu que j'écrive une chose ou deux là-dedans. Mais quoi ? Mes doutes ? Inutile de rendre les prochains élèves cinglés avec ça. Attends ! Il en manque. M'approchant, je vois qu'on en a couché certains pour maintenir la rangée debout. Quelqu'un d'aussi maniaque que moi ? Pas possible ! Lentement, je porte la main à mon ankh : si cette merveille me permet de guider un peuple, elle servira aussi à foudroyer mon intru "à l'olympienne". Je me retourne soudain,mon regard va d'un coin à l'autre de la pièce, aussitôt suivi de mon bras, anhk à la main. Rien. Rien du tout, si ce n'est...

Si ce n'est ce bouquin que je n'avais pas vu, posé sur la table du salon de ma petite villa. Tout occupé à me morfondre, je l'aurais surement loupé. Gardant inutilement mon arme en main, je le prend et l'ouvre à la première page. On a écrit quelque chose, et on est venu pour cela : je n'ai pas de stylos rouges ici.
" De l'amour, je suis le messager,
Mon coeur, tu l'as enfin volé.
La raison et sa soeur fidélité,
je l'espère, pourrons te guider."
Divin ou poétique ? Peut-être les deux, après tout, bien que ça m'étonnerait qu'Athéna soit tombée sous mon charme avec le nombre de Héros et de Dieux qu'elle croise tous les jours ! Je relis plusieurs fois le message. Une irréfutable preuve de dévouement, c'est certain. "La raison et la fidélité, pourrons te guider". Que les écrits soient, et la lumière se fit.

Je vois dans mon esprit les plaines de Molière, l'infanterie de Clément, les usines et manufactures de Van... Et les miens, les Thrawniens. J'ai survécu à un raz-de-marée, à des sièges, à des guerres civiles, à la tentative d'anéantissement de Lafayette, à la trahison de Louis XIV de Bourbon, aux épidémies. J'ai créé à partir de presque rien une croyance, une philosophie, un peuple, des alliances dont les plus importantes ont tenu jusqu'ici et ont rassemblé la moitié des finalistes, mais cela n'est rien, rien par rapport à ce que je pourrais faire demain. La finale, la victoire collective, voila mon but. Ce n'est pas par les magouilles et les associations de peuples soumis à des dictateurs que se fera la partie. Les miens s'en assureront, désormais.

J'ai été acceptable en tant que mortel. J'ai été bon en tant que Dieu. Il est temps d'atteindre l'exellence ici, en Olympie, en Aeden. Et mon peuple, dans son Empire des Anges comme sur sa Terre12 natale, me soutiendra comme je l'ai guidé, avec ferveur. Je l'ai jusqu'ici démarqué des autres par sa religion et ses valeurs, il est temps de le démarquer dans la Grande Histoire de Terre12.
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Thrawn
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 19:31

Chp2 - La Grande Finale.


Quel imbécile ! C'est pas pensable d'être aussi crétin !
- Poussez-vous, allez ! Laissez passer !
Faut-il être maudit pour arriver en retard à la Finale ? Après mes bonnes résolutions d'hier soir ? Je me hais ! Je traverse les rues d'Olympie à toutes jambes, zigzagant entre les gardes centaures et les satyres-troubles-fêtes, me baisse pour éviter les chéribins qui volettent innocement. J'essaye d'ignorer les points de coté, les douleurs dans les jambes, le feu dans mes poumons. Maudit, incorrigible ou tout simplement condamné à être tête en l'air ? Enfin, je vois le brave Dionysos, du haut de ses deux mètres, qui scrute l'entrée du Mégaron, probablement à ma recherche. Je m'effondre presque à ses pieds, essoufflé, épuisé, soulagé. Il m'observe d'un air sévère avant de me déclarer :
- Tu as bien fait de te presser. Encore une demi-heure et tu étais en retard.
- Quoi ? pff... Mais la finale... pff... vous aviez dit... pff... neuf heures...pff.
- Plus exactement "à neuf heures, petit déjeuner et temps pour vous préparer pour la Finale, qui débutera à dix heures", récite de mémoire le Dieux de la Liberté et de la Fête. Tu as donc le temps de reprendre des forces, mon jeune ami !
Puis il me pousse en avant, vers la longue table où s'alignent les meilleurs mets de Terre1 et Terre12, ceux-ci ayant été inventés par les différents peuples des élèves-dieux participants au Grand Jeu d'Y. Je remarque l'affrontement : aux extrèmes de la table, les participants ne s'accordent pas un regard et discutent à voix basses, préparant probablement leur stratégie. Soudain, on s'aperçoit de ma présence. Instant de flottement. On hésite, on croise le regard des autres, puis on attend. Ma résolution ? Très simple : confiance. Intervention de Zeus, que l'on a pas encore vu descendre de sa montagne lointaine, ou élan de pitié mélée de dérision, mais mon vieux camarade Clément tire négligement la chaise se trouvant à sa droite, m'invitant à prendre place à ses côtés. J'avance, m'approche, tend la main.
- Désolé les gars, j'ai choisi mon camp. Bonne chance, on mérite tous de gagner.
Mes amis m'observent, médusés, alors que Bonaparte et ses alliés se redressent pour me regarder. Si le visage de l'ancien Empereur est de marbre, les autres sont pâles, comme craignant un conflit physique.
- Toi aussi, me répond Vauban. Toi aussi tu le mérites.
Nous nous serrons la main, comme deux joueurs loyaux au début d'une partie de poker. Quelque part, c'est de cela qu'il s'agit. Enfin, les douleurs de mon corps divin s'estompent alors que je m'installe avec mes compagnons, les "Alliés de l'Alliance" qui me regardent étrangement.
Zola, dieu des Zoliens, et Molière, dieu des Moliens, semblent respecter mon fair-play, Emma Dupuis, déesse des Dupuites, semble scandalisée, Maupassant faussement attristé, et les deux crétins qui m'ont suivi tout au long de mon parcours ricanent comme pour me signaler que je suis un imbécile : Clément, dieu des Clémites, et Kévin, dieu des Vaniens.
- Tu n'avais pas besoin de les encourager, me lance le dernier symbole de féminisme de cette finale. Tu veux qu'ils rasent nos terres ou quoi ?
- Mais...
- Je te rappelle, pour information, que les terres de Guy, Emile et Clément sont en première ligne et que tu es juste derrière, sur la côte du grand continent principal. Si moi et Molière sommes seuls sur notre continent grâce à l'élimination de Louis XIV, ce n'est pas ton cas, ni celui des autres !
- Et je te rappelle, annoncé-je d'un ton mortellement glacial, que nos défenses sont impénétrables grâce à la vigilance et l'efficacité des postes avancés. Je te signale aussi qu'il n'y a aucun mal à être bon joueur. Pour finir - ne m'interromp pas !- j'attire ton attention sur le fait que même si Vauban, Bonaparte et Renoir cohabitent avec nous sur le Vieux Continent, Luly habite au sud du tiens !
- Luly ne soutiens que politiquement les autres, souligne Maupassant. Il n'est pas dangereux, juste forcé de se plier par la faiblesse de son armée à l'autorité de Napoléon.
- Guy a raison, ajoute Kévin. Moi, sur mon archipel, je me méfierais plutôt de Matisse. Tout seul, sur sa grande île... Je le sens mal.
- C'est quand même malheureux, déclare Clément d'un air dramatique, d'en être là lors d'un sept contre cinq alors qu'avec trois paires de baffes, tout serait résolu !
Je tousse, ayant manqué de m'étouffer, riant à moitié.
- Quel abru...teuh ! teuh !
- Quel mal y a-t-il a faire un constat evident ? Tu as vu leur épaisseur ? Athena me laisserait faire, je les prendrai tout seul !
Nous continuons à parler, à exposer la situation, à planifier, à penser. Puis un silence s'installe dans la pièce, laissant chacun s'isoler dans ses reflexions. On se croirait cinq minutes avant le début du BAC français, dans les dernières révisions avant l'examen, un terrible silence de plomb.
Trompettes et tambours résonnent alors dans la cité. Nous nous redressons, impatients de voir l'état de nos civilisations après une nuit, soit pour eux plusieurs decennies, sans notre soutient. Atlas entre, escorté par des centaures, la sphère-monde de Terre12 sur le dos, comme l'y oblige la défaite des Titans. Le roi d'Atlantide dépose avec précaution notre Monde sur son coquetier géant d'ivoire avant de se retirer. Les centaures, eux, restent, surement pour assister Athena, vérifier qu'aucune tricherie n'aura lieu. Logique. Les Maîtres-Dieux se sont installés, observant nos peuples de loin, discutant entre eux. J'entend vaguement Aphrodite dire qu'elle prend les paris, alors qu'Ares fait l'éloge de Bonaparte et de Vauban. Bravo pour la neutralité ! Par chance, Athena le rappelle à l'ordre, et le Guerrier est bien forcé de se taire, puisque le Jeu va commencer. Pas de discours, nous savons tous trop bien ce que nous avons à faire. Juste un mot de la Justice :
- Allez-y, que le meilleur gagne.

LES VAUBANAIS.
Le conflit stagnait, l'union des plus grandes forces militaires au monde ne parvenait pas à passer les premières lignes ennemies, et cela depuis plusieurs mois maintenant. Chaque attaque était un gâchit de temps et d'argent colossal. Alors l'empereur des Vaubanais avait signalé à son homologue et ami, l'empereur des Bonapartes, qu'il comptait laisser les frontières dans l'état actuel, et concentrer ses efforts sur sa force maritime, bien plus faible que celle des autres nations. Compréhensif et doté d'un bon sens raisonnable, le Bonaparte avait accepté, et la trève fut signée entre l'Alliance et l'Empire Vaubanais, pour une période indéterminée. La ruse, pas si habile, avait pourtant réussie : les "Alliés" laissaient le temps à la seconde force militaire du continent de se renforcer pour l'attaquer par derrière, par les mers.
On renforça les ports, on agrandit les docks et les chantiers navals, puis on créa des galères, des caravelles, des transporteurs. Chaque port fut plus renforcé qu'auparavant, hérissé de miradors et de canons, au cas où l'ennemi aurait voulu profiter de la trève de manière semblable. Qu'ils avaient été naïfs, ces Zoliens, ces Maupassantes, ces Thrawniens et ces Clémites, de croire ainsi à une paix durable ! Les Empires allaient bientôt frapper, et on ne les arreterait pas !
Mais vint un jour étrange, et même tout à fait singulier, ce genre de jours où tout bascule, où les chefs ne savent plus quoi faire ou comment réagir. Car ce jour-là, on avait attrappé un jeune homme, près de la frontière. Il parlait le Vaubanais à la perfection, quoique avec un accent prononcé, et n'était pas armé. On le conduisit dans la principale ville du secteur, on l'interrogea, on le questionna, on tenta de savoir ce qu'il faisait là, d'où il venait. Il répondit qu'il était né en Thrawnie, sans pourtant être sûr de ses origines. Il avait été élevé dans un orphelinat où, lui découvrant une passion pour la connaissance, on l'avait envoyé étudier chez les sages Maupassantes, avant qu'il n'entame son service militaire chez les Clémites. Puis, sa soif de connaitre les autres cultures, de voyager, d'apprendre, l'avait mené là, à la frontière Vaubanaise, où il espérait pouvoir enrichir son esprit. On fut stupéfait. On ne savait que faire de cet homme là, trop précieux pour être fusillé, de par ses connaissances, mais trop suspect pour être relaché.
Cette histoire vint aux oreilles de l'Empereur Vaubanais, lui-même passionné par la culture autant que par l'art de la guerre. Il fit venir à lui cet homme dont il se jugeait le seul capable de comprendre les intentions. L'inconnu se montra d'un politesse surprenante, appliquant sans erreur l'étiquette. Bientôt, l'empereur et lui parlèrent avec passion, tant et si bien que l'entretient d'un jour vira en invitation sur une, puis deux semaines, pour devenir un hébergement permanent de cet étranger-là, dont on ne savait pas grand chose. Cela irritait les Bonapartes et les Noirauds, alliés des Vaubanais. Car, tout voué à cet amour de l'intellect, l'empereur en oubliait sa flotte, prête à partir depuis des semaines, dans le port de la capitale, vers les côtes Thrawniennes, que l'on espérait bien affaiblir, et même conquérir. Les émissaires se multipliaient pour rappeller à l'empereur ses devoirs, sans que celui-ci n'y prete le moindre attention, accordant passes-droits et libertés à son jeune invité. Dans le même temps, la colère grondait parmi le peuple, car l'empereur ne s'occupait plus des affaires courantes de ses terres. Pire, on prenait son inaction militaire pour la lâcheté !
Au bout d'un an, un soir, le jeune homme ne rentra pas de son habituelle promenade dans la cité. L'empereur, tout d'abord, ne s'en inquieta pas. Le lendemain matin, on ne le vit pas non plus, et il ne reparut qu'au déjeuner, alors que le soleil était au zénith. Son explication, à laquelle l'empereur accorda tout crédit, fut d'être depuis un temps sous le charme d'une jeune femme dont il s'était éprit, et avec laquelle il avait passé la soirée, s'endormant auprès d'elle pour la nuit. On l'excusa, et les journées reprirent sans que rien d'inhabituel ne se distingue dans leurs grandes disscussions.
Puis un soir, on vit le jeune invité sortir, le teint un peu pâle et les yeux rouges, alors que la nuit allait tomber. Les gardes le laissèrent passer, comme on le leur avait maintes fois ordonné, mettant sa paleur sur le compte d'une vilaine grippe. La nuit avança, dans un calme inhabituel, sans troubles et sans heurts. Et soudain, la ville se réveilla comme elle l'eut été par la plus terrible des tempètes. La population, haches, torches, fourches et épées en main, avançait vers le palais, pourfendant tout garde qui se mettait sur sa route, renforcée par un nombre impressionnant de militaires, avides de coup d'état et de pouvoir, qu'ils pensaient obtenir par ce coup de force. Le cortège grandissait à chaque rue, à chaque croisement, s'éloignant du port vers les hauteurs de la cité, pour entamer sa Révolution, née de sa rage et nourrie par des mois de famine. Puis, devant les grilles du palais impérial, un cri la fit s'arreter, puis se retourner. Dans le port, tel un immense brasier posé sur les flots, brulaient la flotte de guerre fraichement terminée et les embarcadaires, les docks. On redescendit à tout allure, espérant, sinon l'éteindre, freiner ce feu infernal ou sauver les habitations proches.
Depuis sa fenêtres, la mine défaite, abattu par le sort, l'empereur regardait l'horizon. Au loin, on voyait une voile blanche s'éloigner de la côte en direction du sud. De son invité, il ne restait plus au souverain que des souvenirs et une lettre, un message d'excuses sincères, où il expliquait la necessité de son acte pour les siens : l'incendie des navires et comment il avait attisé, chaque soir, la colère du peuple, jusqu'à la fameuse nuit où il avait longtemps expliqué à la population son intérêt à changer de souverain. Des Vaubanais, un seul homme avait saisit et exploité le "vice", pour affaiblir l'armée, sans blesser un seul homme. Une chose que l'on aurait crue impossible.
Cet echec, cette débacle en sa propre capitale, fit se dresser la fureur du peuple et des Etats voisins contre "l'Alliance". Les Bonapartes et les Noirauds destituèrent l'empereur pour mettre sur le trone son fils ainé, qui reprit bientôt le conflit direct contre leurs adversaires. Ils firent aussi reconstruire le port et le jeune monarque fit rebatir, dans différents endroits cette fois, des navires de guerre. Les "Alliés" allaient payer.
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Thrawn
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 19:32

LES LULIENS.
On avait entendu parler de l'incendie de la capitale Vaubanaise, et on avait bien rit. Quels naïfs ! Quels imbéciles ! Comment avaient-ils pu faire confiance à un seul homme pour les gouverner, si crédule de surcroit ? Ce n'est pas chez eux que l'on verrait cela, ah non ! Dans ces hauts-plateaux, on pratiquait un art plus subtil de politique, où chaque citoyen suffisement compétent avait son mot à dire. Les femmes, elles élevaient la maisonnée, car jamais on aurait eut l'idée de leur donner le droit de voter pour élire les magistrats, les consuls et les autres hauts responsables. Car ce que l'on appelait "Démocratie", c'était cela : le pouvoir par le peuple, ou plutôt le peuple compétent, le peuple fortuné bien sûr.
On savait donc fort bien qu'un inconnu attrappé à la frontière serait éloigné ou abattu, et on ne s'inquiétait pas de la compétence des gardes. Mais un jour, on se donna malgré tout la réflexion. En effet, une délégation armée, pas dangereuse à première vue, mais néanmoins capable de se défendre, voir plus, s'était présentée. Guidée par un homme qui se disait le vainqueur du port Vaubanais, plus aussi jeune qu'à l'époque puisque dans la force de l'âge, la délégation désirait s'entretenir avec le Haut Conseil des trois Consuls. Ceux-ci, qui dirigeaient le pays, réfléchirent longtemps, hésitèrent. Car s'ils soutenaient les trois Empires du Vieux Continent, c'était par nécessité plus que par fidélité ou partage des idées. Aussi, accepter une délégation d'ennemis déclarés pourrait être vu comme un trahison. Malgré tout, l'un d'eux convainquit les autres, et les émissaires furent reçus.
Le Thrawnien s'exprima longtemps, rappelant les temps bénéfiques de la collaboration entre leurs deux peuples, et pointant du doigt le totalitarisme Impérial. On ne pouvait lui donner tord, mais les Consuls entendaient ce refrain là depuis trop longtemps, sans y voir de réel avantage. C'est alors qu'une jeune femme, muette jusqu'alors, prit la parole. Dotée d'un don indiscutable pour l'art oratoire, qui surprenait même ses accompagnateurs, elle promit l'aide des siens, les Dupuites, pour défendre les terres Luliennes le temps nécessaire pour qu'elles se renforcent. Elle promit aussi une aide technologique, en échange d'un soutient industriel pour le nord du continent, chez les siens comme chez les Moliens, car le blocus des Bonapartes empéchait les navires Vaniens d'arriver toujours à bon port, et dans les temps. Les Consuls attendirent, écoutèrent sans y croire cette aide, cette proposition de libération inespérée d'un servitude qui les écoeuraient depuis trop longtemps. Mais comment savoir ? Comment être sûr de faire le bon choix ? C'est pour leur répondre que le Thrawnien reprit la parole. Par des mots simples et pourtant lourds de sens, il déclara qu'il valait mieux mourir libre, que de servir éternellement.
Lorsque l'empereur des Bonaparte reçut la missive lui narrant la trahison des Luliens, on raconte qu'il aurait fait empaler le pauvre diable qui lui avait apporté la lettre...

LES THRAWNIENS.
Depuis un temps, le peuple en avait assez de voir les siens mourir inutilement en première ligne. Car depuis des siècles, les Thrawniens avaient développé une religion basée sur le respect d'une trinité : la Vie, la Mort et la Réincarnation. Ainsi, le 3 symbolisait-il pour eux l'Univers dans sa grande complexité : l'homme, la femme, l'enfant; le minéral, l'animal, le végétal, et ainsi de suite. Ils ne craignaient pas la mort, sachant qu'ils reviendraient, respectaient la vie, qu'ils tentaient toujours de préserver. Mais ce qui les caractérisait le plus, c'était leur esprit. Pas aussi doués que les Maupassantes pour les mathématiques, l'astronomie ou ce genre de choses, ils n'en restaient pas moins doués pour autre chose : l'observation. Ils avaient, à force d'observations et de réflexions, été les premiers à pratiquer la selection génétique pour une utilisation agricole, puis pour le métissage animal, en particulier avec les animaux domestiques comme les chiens ou les chats. C'était aussi chez eux que l'on trouvait de grands penseurs et de grands stratèges. On parlait aujourd'hui encore dans les écoles des feintes audacieuses du Visionnaire, qui avait fait une inovation majeure dans le domaine des batailles avec ses phalanges hérissées de lances et ses mouvements de cavalerie, notament sur les flancs. Il avait ainsi à lui seul conquit la moitié de l'actuel territoire Thrawnien. Jamais ils n'avaient connu de guerres civiles, pratiquant une justice nourrie d'égalités que nul ne remit jamais en cause.
Aussi, la mort inutile de personnes aussi brillantes en devenir était elle rageante pour ce peuple fier et audacieux. On eut alors une idée. Un vieux vétéran, un officier qui avait vécu longtemps de l'autre côté du front et s'en était sortit à force de ruses, fut-il chargé d'une éducation plus spéciale des recrues. Celles-ci furent retirée des premières lignes, au grand damn des autres "Alliés", qui ne comprenaient bien sûr pas encore. On les format à l'assassinat, à l'esquive, au maniement d'armes jugées à tort "archaïques", comme le poignard. Les plus doués devinrent, malgré leur jeune âge, des officiers prometteurs qui grimpèrent vite les échelons militaires. Les moins doués, eux, étaient remis en infanterie ou en cavalerie, et suivaient alors l'entrainement standart de leurs voisins Clémites, avec lesquels ils se battaient au front. Au final, seule une minorité fut jugée suffisement fiable et compétente pour le projet, sans compter les jeunes officiers que l'on laissait à leurs places en raisons de leur talent exeptionnel dans ce qu'ils faisaient.
Le plus compétent de tout ces espions s'introduisit dans les territoires Vaubanais, et on eut plus de nouvelles de lui pendant plus d'un an. D'aucun le crurent mort, ou pire, mais celui que l'on appelait maintenant l' Instructeur refusa de le porter disparu, et attendit longtemps, chaque jour, un signe. Et un matin, une missive arriva enfin d'une ville côtière d'importance. S'étant repéré avec les étoile depuis la capitale Vaubanaise dans laquelle il avait incendiée une flotte entière, l'Espion était revenu, sain et sauf parmi les siens. Avec lui, il rapportait un certain nombre d'importantes connaissances sur les Vaubanais, dans le domaine scientifique comme sur leurs tactiques militaires.
Cette réussite espérée et réalisée fit boule de neige. Les entrainements s'intensifièrent pour être espion, l'infanterie elle-même subissait partiellement l'entrainement de ces unités d'élites, alors que les officiers déjouaient avec une relative facilité les ataques vengeresses de Vaubanais et de Bonapartes enragés.
On confia une autre mission à ce héros victorieux. On lui fit traverser l'océan à bord d'un grand navire escortant des vaisseaux marchands, en direction des territoires Moliens. Là, on l'avait chargé de négocier le ralliement des Luliens, par tous les moyens. Ils composa un groupe de camarades d'élite, qui les escortèrent sur les routes, lui et une jeune émissaire Dupuite qui fut bien acceuillie par le groupe. Chez ces gens comme chez les Thrawniens, le sexisme était inexistant, même si certaines activités étaient jugées plus ou moins "viriles" que d'autres. On les acceuillit, on les écouta, on parla, on négocia, on réussi à toucher les points sensibles, mais leurs invités ne lachèrent rien, craignant des représaille. On les comprenait tout en maudissant leurs années de servitudes qui les avaient changés en couards complets. Sans l'aide de la jeune femme, au charisme impressionnant, surement le héros n'aurait-il pas réussi à convaincre du premier coup. Le raliement se fit, les attaques d' Impériaux sur les frontières Alliées s'intensifièrent. Etrangement, malgré le génie militaire centenaire des Bonapartes, ceux-ci étaient étrangement calmes, sans que l'on comprenne pourquoi. Des attaques inutiles, des assauts ridicules, rien de ce qu'ils faisaient d'ordinaire...
Mais quand des hordes de fusillers débarquèrent sur les côtes Zoliennes en brulant les campagnes, alors que d'autres anéantissaient soudain les postes-frontières, soutenus pas de lourds engins de siège, on comprit enfin. Il fallait agir, vite...

Lumière dans le Mégaron.
- La première partie de cette finale est terminée, déclara Athena. Veuillez vous écarter de la Sphère-Monde.
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeVen 29 Aoû - 22:28

Chapitre 3 - L'as de coeur qui tombe à pic !

BILAN EN AEDEN.
Nous nous éloignons en titubant de la sphère-monde, éblouis par tant de lumière et encore sous le coup des évenements. Tout se remet peu à peu en place dans mon esprit : la trahison de Luly, les manigances de mon peuple, la contre-attaque Bonaparte... Zola ! Je cherche, parmi toutes les silhouettes que j'entrevois, le père du naturalisme, sans parvenir à le trouver. Ma vision s'éclaircit peu à peu alors que de larges mains maintiennent doucement mes épaules pour m'empècher de chuter. Les autres élèves-dieux sont eux aussi maintenus. Il devient chaque fois plus dur de se séparer du Jeu, et je comprend alors l'utilité d'avoir un corps, chez les Dieux, pour ressentir... Ne pas être distrait par ces choses ! Emile !
Je l'aperçoit enfin, assit à une chaise, les yeux fermés, le souffle court, pâle comme un mort. Pour lui plus que pour les autres, la partie a dû être dure à supporter. Maupassant est déjà auprès de lui lorsque mon centaure me relache. Je lui demande si ça va.
- Hmm ? Mais bien sûr. Je connais mon peuple, il ne se rendra pas et préférera se replier dans ses confins avant de répliquer.
- Dans ce cas, on saura te trouver un morceau de terre, propose Guy.
- Non. Chassé, mon peuple utilisera sa fierté pour se battre mieux encore. Il reprendra son bien, ou je quitterais la partie. A ce stade du Jeu, fuir pour contre-attaquer est futile.
- Mais Emile !
- Je ne vais pas me rendre, mais je refuse de jouer comme un pleutre.
Mon regard croise celui résigné de Maupassant. Cette fois, on ne fera pas changer d'avis le vieux Zola.
Autour de Terre12, les Maitres-dieux observent la tournure des évenements. Si le large sourire d'Ares n'engage à rien, l'air satisfait d'Athena ou celui, appréciateur, d'Hermès me semblent de bons présages. Ils s'approchent de la sphère et leur physionomie change peu à peu, pour afficher un visage de marbre, à l'expression indescriptible. Nos professeurs se réunissent ensuite à une table, dans le fond, certainement pour rédiger un classement temporaire de la partie, et déjà ils commencent à hausser le ton et à s'enguirlander. Du côté des élèves, l'ambiance est tout autre : un silence glacial, seulement rompu par quelques murmures inquiets ou enthousiastes. Tous les Alliés, Luly comprit, tentons de réfléchir à un moyen de reprendre les terres de Zola, au cas où il en serait chassé, ou pire, s'il était asservi. Mais voyant Emile de plus en plus crispé, nous comprenons qu'un résultat ne s'obtiendra pas tout de suite, et nous abandonnons, pour penser individuellement. Et puis, inutile de mettre Emile encore plus mal à l'aise !
Je m'approche de notre monde, et observe les peuples. Si le second continent est entierement sous le contrôle Allié, les océans restent le royaume de Bonaparte, isolé dans son gigantesque Empire comme dans un bunker, au Sud du Vieux Continent. Au dessus, le peuple enragé de Vauban et derrière les deux, celui de Renoir, plus modeste. Je tourne autour de la sphère-monde, cherchant l'archipel de Kévin. C'est vrai qu'on ne pense pas beaucoup à lui, seul dans son coin. C'était une erreur, à coup sur ! Chacune de ses îles est une forteresse hérissée de cheminées. Ses navires innovent par rapport aux nôtres, étant les premiers dotés d'un moteur à vapeur. Petits mais maniables, ils donnent du fil à retordre à la flotte Bonaparte et pillent régulièrement les ports du peuple de Matisse, avec qui mon ami semble en guerre permanente.
Je reviens sur le Vieux continent. Au nord, Maupassant a fait construire de grands murs le long de sa frontière, entre les montagnes, pour freiner l'avancée Vaubanaise. A l'opposée sud, Clément dirige une terre armée au maximum, mais pas assez axée sur les cultures : son peuple dépend de la production exterieure. Zola, entre les deux, est dans une situation critique. Si ses officiers ralentissent au mieux l'armée ennemie, ils ne font pas pour autant le poids. Nos faibles renforts résistent eux-même difficilement à leur côtés, malgré leur entrainement supérieur. Le territoire Zolien est réduit de moitié, déjà...
Chez les miens, on ne chôme pas. On renforce la frontière avec les territoires Zoliens, au cas où, et on établi des comptoirs sur le Second Continent. On prépare le plus vite possible des troupes pour défendre les quelques villes de Zola qui tiennent encore debout, sans pour autant négliger la défense. Je suis fier de moi, j'ai créé un peuple de stratèges !
- Rassemblez-vous, intime soudain Arès, le regard flamboyant.
Visiblement, le classement ne lui convient pas beaucoup... Mais pas le temps de cogiter car Athéna prend la parole.
- Cette finale est surprenante, annonce la Déesse de la Justice. Pour la première fois depuis un long moment, la finale n'a pû vous départager : même les peuples les plus en retard restent à un niveau comparable à ceux des meneurs ! Dans la présente situation, il ne nous reste qu'un choix, qui consiste à établir un classement temporaire et, si les choses restent similaires, à reprendre la partie demain. Voici donc les "leaders" de cette Finale, annonce-t-elle plus doucement en reposant sa plume blanche, surement prise à sa chouette :
=> Premier, Bonaparte, pour une efficacité militaire exemplaire. Même si les Zoliens se battent avec vaillance, il a réussi à tirer un plein avantage de l'effet de surprise. Il incarne pour l'instant la force D, offensive. De plus, il est performant dans presque tous les domaines. Et sa Flotte ne recule devant rien !
=> Deuxième, Thrawn, pour ses réformes qui ont fait passer son peuple parmi ceux que l'on oubliera pas de sitôt en Aeden. Ses intrusions et l'utilisation à bon escient des avantages de son peuple et de ses alliés lui font symboliser la force A de l'alliance pour le moment.
=> Troisième, Kévin "Van", pour sa piraterie "moderne". Sa fusion quasi-naturelle entre les sciences, l'armée et le bien-être de son peuple incarne la force N neutre. Il attaque et défend pour son peuple, et non pas pour en vaincre un autre.
Un silence s'installe. Je suis second ! Deuxième ! Kévin me regarde d'un air entendu, et nous nous retenons de rire.
- Les dieux auxquels nous conseillons de faire attention, reprend la Justice, sont :
=> Luly, qui ferait bien de profiter de son alliance pour ne pas rester à la traine du point de vue technologique, militaire et sanitaire.
=> Clément, dont les faiblesses agricoles risquent de devenir une plaie importante.
=> Zola, pour des raisons évidentes...
La déesse repose sa petite liste et nous regarde d'un air bienveillant.
- La partie recommencera demain à neuf heures tapantes. Le petit-déjeuner sera servi à huit heures. Si vous avez besoin de conseils, les Maîtres sont à votre disposition, bien sûr, mais après le diner, qui vous sera servi dans vos villas respectives. Vous devez être épuisés.
Mes compagnons se lèvent avant que je ne les imite. Il faut que je sache... Je m'approche de la table des professeurs, eux-mêmes partis, et me saisit de la liste des noms, que je lis, lentement. En sortant du Mégaron, le doute se mèle à la deception dans mon coeur. Athena n'avait pas écrit dans le livre de ma villa, ce n'étaient pas ses encouragements que j'ai lus... Qui ?

Je déambule seul dans les rues d'Olympie, après diner. La nuit est belle ici. Le ciel, noir et dégagé, laisse briller des étoiles inconnues à la vue des pauvres dieux que nous sommes, et risquons de ne plus être. Tout perdre, en un instant, comme Zola en fait sans doute l'amère experience en ce moment même... Je quitte les Champs Elysées, reproduits pour le plaisir des Dieux, et sors dans la Forêt Bleue par le tunnel secret que nous avons aménagé, il y a longtemps, derrière une pile de caisses. Normalement, c'est interdit, à la nuit tombée, mais je m'en moque au plus haut point. J'arrive près de la rive d'une sorte de fleuve, aux eaux tumultueuses. J'observe encore le reflet des étoiles et des deux lunes, sur l'eau, en poète que je ne suis pas, avant de reculer lentement, plus prudent qu'apeuré. Il y a là-dedans quelques chose d'énorme, de mortel, qui arpente les abysses. Sur l'autre rive, un craquement attire mon attention. Toutes ces légendes greques me reviennent en tête. Serait-ce là-bas Meduse, la Chimère ou Echidna ? Et dans ces eaux, Scylla, Charybde ou Léviathan ? Et cette montagne, d'où Zeus ne descend jamais, quelles créatures mythiques peuvent bien la garder ? Les Cyclopes, d'après la mythologie, ainsi que les Cent-Bras. Quoi d'autre ? J'ai entendu Aphrodite parler du Sphinx l'autre jour. Gardien ou pas ? Bah, en quoi ça me regarde, si même les profs ne parviennent pas à escalader ce grand caillou ? Je m'amuse un instant en imaginant Hermès et ses sandales ailées frappés par un rocher en plein vol, s'étant trop approché des Cyclopes. A croire qu'on ne devient jamais vraiment adulte, c'est juste un air que l'on se donne.
Un craquement derrière moi. Mes mains dans les poches ressèrent leur étreinte sur mon ankh. Autant ne pas prendre de risques inutiles. J'attend, rien ne se passe. Un garde centaure qui vient me raccompagner ou... autre chose ? Quitte à passer pour un imbécile, je me retourne d'un coup, arme brandie et chargée.
- Ne tire pas !
- Emma ?
La jeune femme est immobile, bras tendus devant elle dans un geste de protection, vain contre la puissance divine de mon arme. Dans la nuit, seuls brillent ses yeux bleus où se reflètent encore les astres. J'abaisse ma croix ansée et scrute les alentours, pour vérifier que nous sommes bien seuls.
- Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle d'un ton hésitant.
- Je rêvais...
Un silence s'installe, un de ces silences genants où nul ne sait ce qu'il convient de dire. Alors je m'assied, le dos contre le tronc blanc d'un arbre, en bordure de fleuve. L'ombre tourne toujours dans les profondeurs, mais ne semble pas préoccupée par notre présence.
- A quoi donc ?
Elle s'installe près de moi, portant aussi son regard vers les flots.
- A Zeus, au Jeu...
- C'est vrai qu'on ne l'a toujours pas vu, celui-là.
- Hadès non plus, souligné-je.
- Lui, il doit s'occuper de la transformation en chimères, non ?
- Il me semble que c'est le travail d'Hermaphrodite.
- Ah ?
Dans les ténèbres des cieux passe une étoile filante.
" Je souhaite pouvoir sauver les Zoliens".
- Et toi Emma, que fais-tu là ?
- Un peu la même chose ...
- Vraiment ?
- Eh bien... Je t'ai vu sortir alors comme je ne dormais pas, je me suis dit qu'on pourrait parler.
J'ai peur de comprendre ou elle veut en venir. Cette brave fille va changer ma douce nuit de réflexion et de tranquilité en réunion militaire. Mais que vous ai-je fait, Grand Zeus ?
- De quoi ?
- De... plein de choses, je ne sais pas, il n'y a pas que le Jeu d'Y en Olympe !
Il me faut quelques secondes pour enregistrer l'information. ELLE ne veut PAS parler du Jeu ? Mais que se passe-t-il ce soir ? C'est la double pleine-lune ? Elle continue et se rapproche de moi, me forçant un peu la main pour discuter.
- J'aime beaucoup ton peuple, il est original.
- Le tiens n'est pas mal non plus.
" Il n'y a pas que le Jeu"... Tu parles !
- J'ai copié les Amazones puis plagié la démocratie d'Athènes, en évitant le sexisme. Ce n'est rien, pas unique, juste modifié. Mais le tiens...
Elle se rapproche encore, tente de capter mon regard, toujours perdu dans les cimes brumeuses.
- J'ai tout basé sur la religion, admetté-je. C'est tout sauf malin.
- Ca fait longtemps que les tiens ont abandonné leur religion.
- Ce n'est pas vrai.
- D'accord, ils la pratiquent, mais c'est plus une tradition qu'un culte. Dès lors qu'ils avaient assimilé tout ce que tu voulais leur faire comprendre, tu as faibli ton Clergé.
Elle n'a pas tout à fait tort. Mes religieux aujourd'hui sont plus les gardiens du patrimoine qu'autre chose. Ah non, ils enseignent, au nom du Peuple et pas du Dieu. Par chance, je ne compte aucun fanatique dans mes rangs. Je me rappelle d'Artémis, que cela avait étonné. Agréablement surprise, elle m'avait placé quatrième du classement !
- En justice et en commerce, tu nous as longtemps devancé, et même si ton peuple n'est pas celui des chercheurs, il assimile et comprend très vite, il s'adapte, et chaque citoyen possède une culture à faire pâlir d'envie ses voisins. Ton espion l'a prouvé en inondant de savoir l'empereur de Vauban.
Je tourne enfin mon regard vers elle. Ses yeux pétillent de manière étrange alors que les lunes illuminent son visage. Je n'avais jamais fait attention, mais elle est plutôt jolie, Emma, avec son petit sourire, son regard profond, ses longs cheveux noirs...
- Je pense, conclue-t-elle lentement, que nos peuples nous ressemblent lorsque l'on se sent responsable d'eux, et pas tout-puissant, comme un despote. Si tel est le cas, ajoute-t-elle à voix basse, tu es un garçon formidable.
Si elle savait comme elle se trompe ! Je suis un imbécile, un crétin, tout ce qu'elle veut, mais pas un type formidable. J'ai succombé, par exemple, au charme d'Athéna plutôt que de jouer convenablement, permettant à Bonaparte de survivre. Je me souviens, de son peuple, dans notre Antiquité. En preuve de bonne volonté, je l'avais exilé de ses terres lors de mon expansion, sans pour autant le soumettre ou l'assimiler. Quel ... Quel... Quel crétin ! Tous les ennuis que nous éviterions aujourd'hui !
- C'est ton peuple qui es formidable. Tu as été la première à n'être sexiste ni envers les hommes ni envers les femmes. Tu n'as jamais fait travailler d'enfants, tu as été la première à les scolariser tous ou presque, dès le début du Moyen-Âge.
Elle parait soudain génée.
- Ca me semblait juste normal...
- Ca l'était pour nous tous, mais après la période de calamités, tu as été la première à te relever et à rester debout.
Je ne sais plus quoi dire, tant je me rend compte du poids de ses paroles. Si nos peuples nous ressemblent, c'est par notre style de jeu. Le siens est incroyable, tout simplement. Et elle doit l'être aussi...
Qui prit l'initiative ? Est-ce elle ou moi, je n'en sais rien, mais alors rien du tout. Tout ce que je sais, c'est que ce fut le baiser le plus merveilleux de ma vie, de ma mort, et de ma divinité. Ce fut le sien, simplement le sien, le baiser de celle qui m'avait redonné le courage en m'écrivant la formule pour atteindre son coeur...
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeVen 29 Aoû - 22:28

Nous entrons dans le Mégaron, nous, les finalistes du Grand Jeu d'Y, derniers participants du Jeu des Dieux, qui gouvernons des peuples entiers et les dirigeons vers un avenir prospère ou une disparition sans équivoque. Nous, les anciens mortels, les anciens Anges qui se sont élevés plus haut qu'ils ne l'auraient rêvé. Nous, les élèves qui avons tellement joué serré qu'une seconde finale est nécessaire. Nous, les Dieux. Le petit-déjeuner est vite englouti, Terre12 mise en place, mais avant de commencer, le rapide point de la situation. Et la débacle.
- Monsieur Zola, commence Athéna, je suis désolée mais votre peuple à perdu.
Emile ferme les yeux et soupire d'un air résigné, avant de regarder la déesse dans un dernier effort pour connaitre la situation des siens.
- Le peu de Zoliens qui survivait s'est replié dans les plateaux de vos terres, et réussissait à y repousser ses adversaires. Mais dans la situation présente, votre echec final est inéluctable.
- Puis-je avoir plus de détail ? demande l'écrivain d'un voix rauque.
- Votre peuple a perdu son sang. Il est presque entièrement métissé à présent. Il l'a fait pour perdurer, comme chacun l'aurait fait. Votre influence sur eux est donc réduite.
- Alors, on va se partager mon peuple ?
- Non, la majorité du métissage a été faite avec monsieur Maupassant. Il dirige un peuple qui a toujours été des plus amical, et c'est vers lui que se sont tournés les vôtres.
Zola se tourne lentement vers Guy, qui a soudain pali. Ils se regardent d'un air amer et attristé avant de s'étreindre un instant.
- On va te venger, promet mon homologue Normand. Tu peux y compter.
- Je sais. Bonne chance.
Il adresse un dernier signe aux joueurs avant de sortir, escorté par un centaure. Il va devenir une nouvelle chimère d'Aeden, centaure, satyre ou chérubin, gardien de la planète des Dieux.
Il est maintenant temps de jouer, de guider nos peuples une nouvelle fois. Je ne sortirais du Jeu qu'en étant sûr d'avoir tout tenté pour y rester.

LES MAUPASSANTES
Dans leur République où la connaissance était la valeur la plus précieuse au monde, les Maupassantes avaient receuilli les Zoliens survivants, et annexé leurs hauts plateaux. Il n'y avait aucune raison en effet de les laisser aux Bonapartes.
On avait endurcit les murailles où tronaient des armes à longue portée capable d'endommager l'armement lourd comme de blesser l'infanterie. Pour user efficacement de ces armes, on avait suprimé les défenses aux frontières, et chaque ville fortifiée se défendait avec ses moyens. A part les paysans, dont les champs encerclaient les villes, seuls les soldats avançaient dans la campagne, des éclaireurs surtout, qui devaient prévenir des mouvements de troupes.
Mais une fois de plus, c'était le génie Maupassante qui lui servait de bouclier, plus que ses murs ou ses armes. Car quel homme intelligent essayerait d'assouvir un peuple qui préfererait se sacrifier que de travailler pour lui ? Aussi ce peuple était-il aussi précieux pour ses alliés que pour ses ennemis, jouant à la perfection de ses relations culturelles et commerciales. Du moins, il l'était jusque là. Car les Bonapartes se moquaient visiblement du savoir Maupassante, puisqu'ils avaient eux-même une technologie de haut niveau. Pour la première fois depuis bien longtemps, La Maupassie était vulnérable et pire que tout, susceptible d'être attaquée.
Ils se barricadaient dans leurs villes dès la nuit tombée et les gardes dormaient peu, de même que les balistaires, toujours dans la phobie d'une attaque soudaine. Ce sentiment était entretenu involontairement par les Zoliens émigrés, dont les récits terribles d'attaques noctures, terminées dans le sang d'une ville entière, semblaient un présage de l'avenir Maupassante. On inventait des histoires horribles, on vivait dans la crainte, qui entraina la suspiscion. On commençait à penser que le Gouvernement cachait des attaques à la frontière, faisait taire certains qui parlaient trop ou menaçait de trahir pour s'allier avec perfidie aux Bonapartes.
A l'Assemblée, on changeait de Président toutes les semaines, le Gouvernement était sans cesse remanié, la place de ministre de la Défense presque toujours vacante. On ne dirigeait plus, on stagnait, on se débattait dans une peur sans nom. Alors le Président, au comble du desespoir, demanda l'arbitrage et l'aide de ses alliés.
En quelques jours, on remania le pays. Les Dupuites créèrent un système de gouvernement comparable au leur, qui fonctionnait particulièrement bien. A la défense, on plaça un général qui avait suivi le célèbre entrainement Clémite, et en qui on avait toute confiance. On reçut des renforts des contrées voisines, et quelques navires Moliens traversèrent l'océan pour défendre les ports. Seul restait un point épineux : on n'avait pas de premier ministre. Le Président, toujours à son poste pour avoir fait preuve de clairvoyance, trouva une seule solution pour ne pas jeter de l'huile sur les braises du conflit politique. Il déclara qu'il lui fallait un homme intelligent, réfléchi et doté d'une sagesse certaine, et qu'il ne voyait pour ce poste qu'un seul homme. On fut ébahit, admiratif, outré ou flegmatique, mais on accepta malgré tout cet homme-là, dont les compétences étaient bien certaines : un politique Thrawnien.
Entouré de militaires sages et talentueux, issus de tous les Etats ou presque de l'Alliance, il réforma les défenses Maupassantes, sans cesse aggressées par leurs ennemis. Tout le long de la frontière, puis dans tout le pays, dans chaque ville, chaque hameau, chaque village, furent placés des grands tas de bois. Ainsi fut créé le système des Feux d'Alarme Maupassantes. Dès que l'un d'eux était allumé, on envoyait les troupes défendre ou prendre les assaillants par surprise. Mieux, les voisins eux-même pouvaient prendre l'initiative d'aider à repousser l'assaillant. On compensait ainsi les faiblesses militaires Maupassantes par deux solutions efficaces : des renforts expérimentés et une vitesse de réaction supérieure.
Certains Maupassantes reprirent l'idée de base et en virent les inconvénients, relativement nombreux, comme par exemple la possibilité de faire un faux feu, en diversion. Mais ils trouvèrent d'autres solutions, tout aussi convenables et même bien plus arrangeantes. Bientôt fut mit en place le télégraphe.

LES VANIENS
"Mieux vaut être simpliste que de se compliquer l'existence".
Tel aurait pû être la devise des Vaniens. Un Gouvernement réduit mais suffisant, une Assemblée de vieux sages et une petite justice autonome, voila de quoi se composait tout simplement cet Etat.
Sur chacune des nombreuses îles de leur archipel, on trouvait une mairie et un Conseil, ainsi qu'un tribunal, tous trois situés de part et d'autre de la ville, mais reliés par de larges avenues. On trouvait des champs, bien sûr mais aussi des usines et des chantiers navals. L'armée était entrainée durement, et très qualifiée. Ce n'étaient pas des phalanges, des hoplites, des fusillers. Non, il s'agissait plutôt de corsaires, habitués en combat en mer et sur terre, à coup de sabres, de fusils ou de canons, sur un pont comme sur le sable.
Chez eux, jamais aucun Bonaparte, aucun Vaubanais, aucun Noiraud n'avait posé les pieds. La célèbre flotte Bonaparte les faisait bien rire, à la taverne ou sur les flots. Ils l'avaient recontrée, bien sûr. Mais il est difficile de couler un petit navire lorsqu'il longe la coque d'un autre plus gros. Dispersés au milieu de la formation ennemie, ils l'avaient tout simplement coulée sans prendre le moindre coup, ou presque !
Mais depuis quelques temps déjà, la flibuste en mer se raréfiait. Les Matis, cible habituelle, préféraient éviter la mer et renforçaient leurs défenses portuaires, ce qui rendait toute approche militaire difficile. Les seuls navires qui passaient étaient Alliés, et on n'attaquait pas un camarde dans les rangs Vaniens, jamais ! Le problème, malgré cela, était la communication. Car si la flotte Bonaparte ne passait pas les défenses Vaniennes, le contraire était tout aussi vrai, et les défenses et blocus continentaux étaient impénétrables. Ainsi les contacts avec leurs Alliés se limitaient-ils à ceux qu'ils entretenaient plus ou moins régulièrement avec les Thrawniens, les Dupuites et récemment les Luliens.
Alors on prit une initiative. On envoya des renforts pour défendre les ports Luliens, comme convenu par le pacte. Pas beaucoup, mais assez. On rassembla une grande armada, on aiguisa les lames, on prépara les grenades incendiaires, et les navirent prirent la mer, dans une grande formation, telle un vague noire terrifiante. Les navires fendaient les flots à toute vitesse lorsqu'ils atteignirent les côtes Bonapartes. Mais la surprise fut double : chacun s'était préparé pour l'affrontement, comme dans une prémonition commune. Et parmi les frégates Bonapartes, on voyait les caravelles Vaubanaises, flambantes neuves.
Les boulets percèrent les coques, la foudre s'abattit sur les mats, les flammes naissaient sur les plus grands navires alors que les petits tentaient toutes les perfidies imaginables. Ce fut terrible, terrifiant, long d'une nuit entière dans un orage digne de l'apocalypse. Au matin, quand la brume se dissipa, les armées étaient anéanties, et seuls flottaient des canots de sauvetage. Par instinct, de nombreux Vaniens avaient abandonné au bon moment leur navire, ils étaient un bon tiers à avoir survécu, sur l'ensemble des corsaires. Ils débarquèrent et marchèrent, armes chargées, sabres en main. Ils attaquèrent le port, à peine défendu par quelques bataillons peu expérimentés. Puis, à bord de navires marchands capturés, les vainqueurs prévinrent les leurs. Les vaisseaux arrivèrent bientôt, délaissant les côtes Luliennes désormais autonomes pour défendre leur tête de pont, leur avant-poste. Il y avait désormais une faille dans l'Empire Bonaparte. Et une occasion de recommencer la flibuste !
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LES BONAPARTES
C'avait été un coup du de perdre leur port commercial. Sur toute la côte Sud, les navires Vaniens pillaient et rançonnaient. Le bois, la monnaie, les oeuvres d'art, rien n'était épargné, pour être transporté dans cet archipel maudit.
L'empereur, lui, était face à un dilemme de poids. Soit il laissait faire tout en renforçant ses garnisons du Sud, ce qui serait long et coûteux pour éradiquer l'ennemi, soit il retirait quelques troupes de Zolie pour récupérer sa côte et rebatir sa Flotte. Mais dans ce cas, il perdrait un terrain précieux dans son avancée. Il choisit pourtant cette seconde solution. La Zolie fut partiellement cédée, mais pas sans conséquence : dans leur repli, les Bonapartes flambaient les campagnes, ne laissant que cendres et braises.
Lorsque ces soldats arrivèrent près de la capitale, on les arreta, pour leur donner de meilleures chances. Un ingénieur avait longtemps travaillé sur les armes, et venait d'innover. Finie la bourre pour maintenir la balle dans le canon. Désormais, elle était entièrement adaptée à l'arme, fusil ou pistolet. On leur en donna d'ailleurs de nouveaux : des "revolvers". Les hommes furent répartis dans les villes cotières, plus nombreux autour de la ville prise.
Les Vaniens continuèrent leurs assauts, mais furent bien vite surpris par la précision et la férocité des défenseurs. En quelques jours, ils furent prisonniers de leur forteresse. Ou ils fuyaient, ou ils mouraient. Ils choisirent la fuite, un matin, prenant le large dans leurs navires au drapeau noir. Mais alors que les Bonapartes entraient dans la ville qui leur appartenait de nouveau, ils eurent une bien mauvaise surprise. Il restait un bateau, un petit. Et partout dans la cité, sur le sol, de la poudre. Et avant de partir, la "Terre Brulée Bonaparte" se retourna contre ses initiateurs. Seule une moitié des troupes sortit indemne du brasier, pour assister à la combustion du port. Dans tout l'Empire, on commença à craindre ces hommes capables de tout sur les flots. La tradition maritime Bonaparte ne valait pas l'aisance Vanienne. Alors on décida d'innover, pour surprendre. Et vaincre.
On fit fabriquer de grands navires, fonctionnant grace à de lourdes machines, que l'on faisait fonctionner à la vapeur et au charbon, puis avec du pétrole raffiné, "l'essence". On les arma, on entraina l'équipage au mieux, mais on les laissa en défense. On avait un meilleur projet.. Dans le même temps, les nouvelles armes furent mises en place à grande échelle, et chaque soldat en fut équipé. On changea aussi les uniformes, qui devinrent verts ou gris. C'était la technique de camouflage. Dans chaque ville, on devait pouvoir présenter n'importe quand ses papiers d'identité, sous peine de devoir s'expliquer au poste. C'était la solution contre les espions Thrawniens. Ces mesures furent vite copiées par les autres Empires, puis les Alliés, mais l'effet de surprise et l'avancée technologique permirent aux Bonapartes de reprendre les "Terres brulées" et l'entière Zolie, hauts plateaux inclus, en seulement quelques semaines.
Par la Zolie, les Vaubanais avançaient vers la Thrawnie, désireux de se venger après tant d'années, de se mesurer à ces soit-disant stratèges de génie, à ces réformateurs avisés. Bientôt, on effacerait toute trace de leur existence. Puis on s'occuperait des Vaniens.

AEDEN : A TABLE !
La lumière se rallume et innonde le Mégaron. Quelle heure est-il ? Ce n'est pas déjà fini, il est bien trop tôt ! Je titube et m'assied, encore sous le choc. Le Jeu agit comme une drogue, à ceci près qu'il n'est ni nocif à long terme, ni mortel. A ma gauche, Emma respire lentement, le teint un peu verdatre. Je connais bien cet effet de mal de mer. A droite, c'est Kévin qui s'est affalé, en sueur. On ne réagit pas tous pareil à la tension du Jeu, visiblement. Les autres aussi se sont assis près des tables, dans un état plus ou moins inquiétant, mais chacun commence à se reprendre. Athéna monte alors sur son podium.
- Comme le Jeu devient de plus en plus prenant, il serait sage que vous fassiez une pause et mangiez quelque chose. Les Heures et les Saisons vont vous apporter de quoi vous restaurer.
En effet, les chimères de jeunes femmes entrent, les bras chargés de plateaux ou de cruches. Dans son coin, chacun réfléchi au Jeu écoulé, à ce qu'il va faire. A la pensée que Terre12 n'est pas en "pause", je sens un frisson désagréable me traverser le dos.
Pour la première fois depuis longtemps, on va s'affronter en Thrawnie.

CHAPITRE 3 - FIN
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeSam 30 Aoû - 16:20

Chp4 - Crimes et châtiments.


STRESS A OLYMPIE.
Je mange, maussade, le sandwich que Clément me force à avaler, et bois un verre d'hydromel. Qu'on en finisse ! J'ai un peuple à sauver ! Voyant mon trouble et mes tics nerveux, Emma me prend les épaules et, s'installant derrière moi, commence à me masser, pour que je prenne du recul. Je l'adore. Guy fume un cigare et joue aux échecs avec Kévin, sous le regard de Clément et de Luly. Comment peuvent-ils être si calmes ?
- Oh, très simplement, m'annonce l'auteur du Horla. Si nous n'aidons pas nos peuples, les Empereurs n'aident pas les leurs. Et nous avons entière confiance en tes Thrawniens, ils ont bien des fois montré leurs aptitudes au combat.
- Vous croyez ?
Kévin me juge d'un air sévère.
- Non mais écoute-toi. On croirait entendre un gosse qui attend d'être rassuré ! Combien de batailles as-tu gagné, Thrawn ?
- Euh...
- Ton peuple a-t-il déjà été vaincu sans se redresser presque aussitôt ?
- Ben...
- Alors s'il te plait, mange et arrête de t'en faire. Ils s'en sortiront très bien tous seuls.
Van peut bien dire ce qu'il veut, je m'inquiète quand même... D'un autre côté, il a raison, mon peuple a bien des fois défendu ses terres et repoussé l'envahisseur. Mais depuis combien de temps n'ont-ils pas été envahis ? Si longtemps... Si leurs talent de combattants ne suffisaient pas ? Commence une bataille dans mon esprit.
"Et là, ce sont les Vaubanais !"
"Et alors ?"
"Un grand peuple, un Empire."
"Ce n'est qu'un titre..."
"Ils ont vaincu Emile."
"Mais non, c'était Bonaparte !"
"Ils sont alliés."
"Ca ne change rien, je vais m'en sortir !"
"Esperons..."
"JE VAIS M'EN SORTIR !"
D'un coup de gong d'Atlas, le signal est donné, nous pouvons jouer de nouveau. Nous nous approchons, anhk sortis, prêts à changer l'Histoire, changer le Monde. Les choses n'ont pas tant bougé, c'est rassurant.

LES THRAWNIENS.
On attendait, les uns contre les autres, silencieux et mortels, ombres parmi les ombres, guetteurs surveillant le corridor. Des Vaubanais tentaient depuis deux mois de faire une percée dans la Muraille 13, plus au sud. Quelle piètre diversion ! Ces idiots croyaient-ils donc réellement pouvoir duper un peuple sur son propre territoire ? Alors depuis trois jours, on les attendait là, le seul chemin possible pour passer discrètement derrière le front, puis pour suivre le fleuve jusqu'au coeur du territoire. On ne lacherait rien, comme on ne lachait rien dans les tranchées du sud depuis deux ans. Le conflit stagnait, avec des renforts venant de tous les territoires, avec ses morts, avec ses héros. La fatigue, la faim s'immiscaient dans les rangs des deux adversaires. Seules comptaient désormais la fierté, la rage et la motivation.
Ce fut d'abord leur vacarme qui résonna en écho dans le dédale, bien avant que leurs silhouettes ne soient visibles. Toute une légion vaubanaise, deux fois cinq cents hommes qui avançaient en ligne, trainant derrière eux canons et munitions. On s'écarta lentement, passant par les corniches escarpées pour rejoindre l'abri. Tout était pret, ne restait qu'à attendre le bon moment. Le défilé escarpé abritait nombre de cachettes. Celle-là était couverte, suffisamment prêt pour voir, suffisamment loin pour s'en sortir. Et rire. Dans tout le corridor se répercuta soudain le bruit sourd d'une explosion, puis d'une autre, puis d'une dernière. De grands pans de montagne s'étaient effondrés, engloutissant l'armée Vaubanaise sous des tonnes de pierres avant qu'elle n'ai pu réagir. Les explosifs Maupassantes avaient leur utilité, on le savait depuis longtemps dans l'Alliance.
A la Muraille 13, la nouvelle ébranla visiblement les assaillants, qui se montrèrent moins combatifs, ébranlés. Comme pour les achever, des troupes supplémentaires débarquèrent, venant de la République Dupuite. Les anciens seigneurs du monde reculaient de plus en plus en Zolie. Leurs cavaliers et husards étaient submergés par les fusillers et, pire, les chars d'assaut Thrawniens, bien plus nombreux que les leurs. C'était quand même un comble que d'avoir sous-estimé pareilles machines pour un Empire qui se prétendait un des plus grands ! Leurs tas de tôles ne valaient pas la machinerie lourde Alliée. On avait enfin fait pencher la balance !
Lentement, les Vaubanais perdaient la Zolie, au point de devoir céder les Terres Brulées qui étaient redevenues les grandes plaines fertiles de jadis. C'est à ce moment qu'agirent les Clémites, remontant des renforts du sud-est pour soutenir leurs frères d'armes et prendre l'ennemi en tenaille. Même les garnisons Bonapartes ne pouvaient que trépasser face à cette vague terrible de baillonnettes et de canons. Sur les flots, les nouveaux navires Bonapartes étaient submergés par la flotte Dupuite, dirigée par les meilleurs Amiraux Thrawniens et maniés par des Clémites furieux. Et alors que les Empires fortifiaient leurs frontières avec des armes anti-chars dans l'espoir futile de contenir cet assaut misérable qui s'était changé en contre-attaque surpuissante, tout s'arreta, les armées se figèrent. Réfléchis et pragmatiques, les Thrawniens se contentaient comme prise de guerre de l'ancien territoire Zolien. Cela valait bien la perte de quelques hommes et la chute de quelques murs. Ils n'avaient pas perdu beaucoup plus.
La moitié sud-est de la Zolie fut donnée aux Clémites pour ses plaines fertiles. Les hauts-plateaux furent rendus aux Maupassantes et le tiers restant fut associé au territoire Thrawnien. Mais la victoire, aussi grisante soit-elle, ne cachait pas les pertes d'une guerre. Militairement, les deux camps s'étaient affaiblis. Et chacun de renforcer usines et casernes, de reconstruire chars et navires, pour bientôt recommencer une danse mortelle, acte suivant d'un ballet tragique qui semblait ne jamais devoir finir...

LES NOIRAUDS
"Ah, quelle belle expansion ! Quel dommage que vos frontières soient entourées des nôtres désormais."
Comme on avait rit, comme on s'était moqué du fier peuple Noiraud à l'expansion limitée. L'Empire, depuis des années, supportait l'arrogance des Vaubanais et des Bonapartes. Tant que les victoires s'enchainaient, le problème était supportable, mais là, entre l'incendie du port, la chute économique et la débacle en Thrawnie, c'était décidé : les Noirauds devaient s'imposer !
Leur empereur, du haut de ses trente ans à peine, avait grandi dans l'admiration des grands combattants du passé. Les tactiques du Visionnaire Thrawnien ou de l' Aguéri Bonaparte n'avaient pas de secrets pour lui. A ses yeux, une action devait toujours être suivie d'une réflexion avant que ne soit engendrée une réaction.
" Pour éviter que nôtre aveuglement ne nous handicape dans l'acte, disait-il, il faut connaitre l'Homme et les méandres de son esprit. Ce n'est que là, et nulle part ailleurs, que le temps est suffisamment maléable pour permettre la réflexion la plus profonde".
On l'écoutait, on le comprenait, on le vénérait. Lui seul saurait faire s'élever son peuple.
Profitant de la faiblesse de leur voisin Vaubanais, les Noirauds engagèrent donc une campagne militaire. Les Bonapartes n'avaient pas à s'inquiéter : eux restaient assez clairvoyants pour se relever, et leur talent n'avait jamais été mis en doute. Ils avaient, comme tant d'autres, été victimes de l'orgueil des Vaubanais, gangrène qui faisait peu à peu fléchir les Empires. Les troupes avançaient en territoire "ennemi" et constataient la déchéance d'un peuple qui s'était jadis élevé au sommet. Les paysans vivaient dans une misère sans nom, dans des conditions terribles. Dans les villes, c'était pire encore. Par contraste avec les taudis de la populace se dressaient les manoirs de la bourgeoisie et de la noblesse. On voyait dans les zones les plus miséreuses des maladies dont on croyait qu'elles n'existaient plus. Peu d'hopitaux, pas d'eau courante, des rendements agricoles risibles. Une déchéance, il n'y avait pas d'autres mots.
La capitale tomba. Les nobles avaient trahit leur empereur. En échange de ce geste de bonne volonté, ils gardèrent titres et possessions sous l'autorité Noiraude. Seule une province, dans les toundras du Nord, refusait de s'unir à la couronne de l'est. Le conflit fut difficile, mais court. Le froid ne touchait pas les Noirauds, dans leurs blindés. La nourriture abondait dans leurs rangs alors qu'elle s'épuisait chez les rebelles, terrés dans leurs citadelles. Elle aurait pu durer longtemps, la révolte, oui... Mais les Noirauds avaient pensé, inové et agi. Leur aviation moderne, de chasseurs rapides et de bombardiers lourds, se joua des tourelles et des fortifications, qui tombaient misérablement en poussière sous leurs assauts. Les survivants se rendirent, les chefs furent éxécutés, la région conquise et occupée.
Les Noirauds renforcèrent leurs nouvelles frontières et leur aviation, fière de pilotes agiles aux réflexes aiguisés. Les nouvelles terres furent aussi réhabilitées, pour le bien de tous.
"Un peuple malade et faible ne saurait être celui des êtes supérieurs, avait dit l'empereur que l'on appelait désormais le Penseur, et comme nous le sommes, il est de notre devoir de nous hisser au dessus des autres. Et pour que le monde comprenne à qui il doit allégeance, il va falloir le contraindre, par la raison ou l'éclat de nos armes".
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeSam 30 Aoû - 16:22

LES MATIS
Il était à l'avant du navire, droit, le regard perdu vers l'horizon où l'on ne voyait rien d'autre que quelques tâches, signe que là-bas, droit devant, il y avait une terre. Un archipel pour être exact. L'archipel Vanien, l'ennemi de toujours.
"Dans la guerre, on se cherche, on se cache, on se bat, on se fuit, mais l'un perd toujours : celui qui attaque un tiers alors qu'il n'a pas déjà vaincu le second."
Telles étaient les parole de cet homme, perdu dans ses pensées. L'Amiral. Quel âge avait-il ? Quarante, quarante-cinq ans tout au plus, dirait-on. Non, cet homme-là avait cinquante-trois ans, dont trente-cinq passées sur le pont d'un navire. Son grade, il l'avait depuis vingt ans maintenant, le plus jeune amiral qu'on ait jamais nommé. Le plus doué aussi, et de loin. Réformateur avisé, il avait fait s'arreter les assauts futiles contre les îles Vaniennes, qu'il qualifiait de "gâchis inutile en hommes et en argent". Il avait favorisé le développement des industries, des chantiers navals. Ceux-là, on les avait rendus imprenables, encerclés de murs, de canons et de pistes d'aviation. Aujourd'hui, la Matisie était puissante, fière, et avide de vengeance.
Alors que les Vaubanais venaient de perdre leur suprématie, on allait la remplacer en gloire, au côtés des Noirauds et des Bonapartes. Une nouvelle ère allait commencer. Mais pour l'instant, c'était un duel de titans qui allait se jouer, un duel entre deux des plus grandes flottes de l'Océan.
Les navires avançaient les uns contre les autres, crachant leurs flammes et leur acier sur les coques ennemies. Sur les ponts, les mitraillettes échangeaient des salves mortelles qui semaient le chaos sur les passerelles. De cette bataille aurait pu naître une égalité, comme tant de fois à travers les siècles de conflit maritimes. Mais pas avec l'Amiral aux commandes. Il avait fait bien trop progresser son armée pour connaitre l'échec.
Sans comprendre, le vaisseau-mère ennemi fut frappé à l'arrière et l'eau commença à s'infiltrer. Aucun navire ne l'avait pourtant contourné. Une deuxième secousse et les moteurs cessèrent de fonctionner, l'eau montait plus vite, la coque était fendue sur douze mètres ! Les canots furent lachés, impuissants au milieu du carnage. Bientôt, on vit un autre navire secoué, deux puis trois fois avant qu'il ne coule, n'ayant pas pu sauver son équipage. Un autre suivit, puis un autre, puis tous, jusqu'au dernier des derniers navires Vaniens. Horrifiés, ceux-ci virent alors une ombre gigantesque surgir des profondeurs devant la formation Matisse. En quelques minutes, un sous-marin emmergea des eaux. En sortirent des soldats qui capturèrent quelques officiers avant d'achever les matelots. La renommée de l'Amiral grandissait. Sans flotte pour les défendre, les îles Vaniennes ne pouvaient compter que sur leurs murailles et leur artillerie. Et là, les sous-marins seraient inutiles. L'Amiral avait malgré tout trouvé une solution. Pour la première fois depuis longtemps, on en appela au soutient des Empires.
Les chasseurs et bombardiers Noirauds anéantirent les canons alors que les corps de gardes et les fortifications des côtes tombaient en morceaux sous le feu des croiseurs. La foudre des cieux elle-même ne fit que réduire l'efficacité des avions, sans pour autant sauver la mise aux Vaniens. Pour une meilleure coordination et une efficacité accrue, l'Amiral fit fabriquer de grands navires capables d'abriter les avions de combat entre les batailles. Les premiers portes-avions, où les pilotes Noirauds furent vite remplacés par des Matis.
Les forteresses tombaient les unes après les autres, dans de violentes batailles, dans les airs, sur terre et sur les flots. Les chasseurs combattaient les chasseurs, les mercenaires affrontaient les tirailleurs, les croiseurs coulaient les quelques frégates qu'on leur opposait vainement. Enfin, la dernière île sombra, parsemée de cratères et de dépouilles. On la laissa ainsi, seule une grande colonne de pierre surmontée de l'emblème Matis y fut érigée, pour rappeler leur suprématie sur les mers. Il ne fallait plus l'oublier, désormais, ou on en paierait le prix.
Car désormais, si les Bonapartes préféraient la terre et les Noirauds les airs, c'était sans nul doute sur l'Océan que l'on compterait bientôt pour vaincre les prétentieux et les traîtres qui se croyaient protégés, seuls sur le second continent. On le savait, leur heure viendrait...

RETOUR EN AEDEN.
Je lache mon anhk, qui retombe sur ma poitrine. J'ai froid, je suis en sueur. Je dois avoir de la fièvre. Tout est allé si vite ! La "Guerre Mondiale", le soulèvement des Noirauds, la chute de Vauban... Et Kévin, mon vieil ami Van, qui a perdu sa dernière guerre après une si belle partie... Sa Foudre, son Souffle n'y avaient rien fait. Matisse avait su jouer avec talent du temps qu'on lui avait donné.
Mon ami serre la main de son adversaire, bon joueur. On sait tous ce qu'on a à perdre, ici. Il va vers Clément, ils s'étreignent, tels des frères d'armes. Nous nous regardons. Je comprends ce qu'a ressenti Guy lorsque Zola est parti. J'ai une boule dans la gorge, je tremble. Oh et puis zut tiens ! On s'étreint tous les trois, nous, les amis qui avons parcouru ensemble la vie, le paradis et Aeden, les trois clampins qu'on voyait toujours fourrés ensemble.
- Mes survivants, parvient-il a dire. Occupez-vous en, ok ?
- Pas de souci, le rassure Clément entre deux reniflements. T'inquiètes pas.
- On te vengera, assuré-je, fais-nous confiance.
- Je préfère demander aux autres finalement, ironise-t-il enfin, vous êtes siffisamment crétins pour rater votre coup !
Sur un dernier éclat de rire, il sort, escorté par un centaure, accompagné de Vauban. Tête basse, l'ancien stratège de Louis XIV rumine. Il se retourne avant d'être dehors, rouge de colère et se jette vers moi avant que quiconque n'ai pu l'attraper.
- C'est ta faute, éructe-t-il. C'est à cause de toi si j'ai tout perdu !
Je plonge, l'évite. Il trébuche, s'effondre à terre, mais se relève déjà pour charger. Il me percute, nous échangeons des coups, ma lèvre saigne, je parviens, après avoir plaqué mes pieds sur son buste, à le repousser. Réflexe, instinct, je ne sais quoi, je saisi mon anhk, presse la molette...
TZAAAAAAAM !
Vauban s'écroule sur les genoux, le regard vide, son visage crispé entre la haine et la douleur. Malgré tout, j'y vois comme un fin sourire. Au milieu de son torse, il y a un petit trou. C'est là qu'a frappé mon tir de foudre divine. Mais il n'y a pas que moi, visiblement. Arès, Athena et Artemis ont eux aussi une croix fumante en main et s'avancent vers le cadavre a grandes enjambées. A côté de son centaure, Kévin avait aussi réagi, mais l'a manqué de peu et touché une colonne de marbre. Les maîtres sont choqués. On avait déjà vu des mauvais joueurs au cours de la partie, mais là...
- Ca va ? me demande la Chasseresse.
- O-oui, bredouillé-je.
A peine levé, Emma m'enlace. J'ai besoin de réconfort. J'ai tué un homme. Je l'ai eu en plein torse... En plein torse...
- Pas mal, me lance le dieu de la Guerre. A deux centimètres prêt, vous lui transperciez le coeur. Pour un premier essai, c'est plutôt impressionnant.
- Veux-tu bien arreter ? lui réplique la Justice. Il n'a jamais tué quiconque de sa vie, c'est un choc pour lui !
- Pff... Allez les gars, emmenez-moi le survivant chez Hermaphrodite. Quant au cadavre, débarassez-le de là. Vous savez quoi faire...
Des centaures emmènent Van et lui prennent son anhk, par mesure de sécurité. D'autres saisissent le corps, le recouvrent d'un drap blanc et le transportent au dehors. J'ai chaud maintenant, trop chaud. Mon sang bouillonne et tambourinne contre mes tympans. Surement le contre-coup... J'ai tué un homme. Misère... Emma a beau me serrer contre elle et les autres m'assurer que c'était de la légitime défense, rien n'y fait. J'ai la tête qui tourne, je vais vomir. Je m'assied, le front dans les mains, respirant lentement. Dans la mesure où il m'a attaqué avant, je n'ai rien à me reprocher. N'est-ce pas ? Et puis, les dieux ne m'ont rien dit, ils m'ont au contraire félicité. En y réfléchissant, Vauban était un soldat : il aurait préféré mourir que de devenir chimère. Son sourire ! Jouait-il la comédie ? On n'en saura jamais rien...
A son podium, Athena énonce :
- Toujours aucun vainqueur définitif. Le classement est donc le suivant :
=> Premier : Matisse pour sa conquète rapide, efficace et raisonnée de l'archipel Vanien. Ayant appelé ses alliés sans les faire combattre à sa place, il symbolise la force A de cette manche.
=> Deuxième : Renoir. Une grande conquète, la restauration d'un Etat décadent et une armée redoutable. Vous représentez la force D de domination.
=> Troisième : Emma Dupuis. Bonne armée, bon niveau de vie. On ne vous reproche que votre tendance à attendre une action pour réagir. Une force N qu'il faudrait peut-être remuer un peu...
Et les trois derniers :
=> Maupassant...
- Quoi ? nous exclamons-nous tous.
- Monsieur Maupassant, annonce Hermès, se remet difficilement du conflit. Ses penseurs sont choqués, ses artistes horrifés. Ils sombrent dans la... mièvrerie pour oublier. Ils n'avancent plus, il faut qu'ils se resaisissent où ils resteront sur le carreau.
Guy hoche la tête, le teint pâle. Athena reprend sa litanie :
=> Molière qui ne progresse pas assez vite;
=> Luly qui reste à la traine lui aussi mais fait moins d'efforts;
- Ce n'est pas vrai ! s'exclame le musicien. Je fais des efforts, mais les miens n'apprennent pas assez vite, ils sont largués par la complexité des nouvelles technologies.
- Il fallait les comprendre avant, réplique la Justice, ou bien les inventer. Pour l'instant, rentrez tous chez vous. Comme hier, le diner vous sera servi dans vos villas.
Les autres sortent du Mégaron. Je vais vers Arès alors qu'Emma m'attend, étonnée de mon attitude.
- Excusez-moi... Qu'allez-vous faire du corps de... ?
Le dieu m'observe, étonné, puis me sourit d'un air compatissant.
- Ah, je sais. Quand on a vaincu un ennemi, on voudrait un trophée. Mais on n'en gagne pas un à tous les coups, ce serait trop facile. Tiens, moi par exemple, ...
- Non, ce n'est pas ça...
- Ah ? Bof, ça ne change rien de toute manière. A l'heure qu'il est, la Grande Chimère doit déjà diner.
Il me donne une tape sur l'épaule et s'en va en sifflotant. Je cille, ébahit. Emma vient et, me prenant pas la main, m'emmène au dehors. L'air frais remet mes idées en place. Les dieux ont leurs raisons, sans doute. Et même, qu'y puis-je changer ? Autant profiter de ma petite divinité tranquillement et essayer de gagner. Si je deviens un Maître-Dieu, je trouverais bien un moyen de m'entretenir avec Vauban. Et lui demander pardon. Il voulait mourir, mais ne méritait pas d'être englouti par un monstre.

Chapitre 4 - Terminé
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMar 2 Sep - 20:13

Chp5 : Le trésor du laborantin.


LE MANOIR D'ATLAS.
0. L'origine.
1. Le minéral.
2. Le végétal.
3. L'animal.
4. L'humain.
5. L'humain pensant.
6. L'Ange.
7. Le Dieu.

Allongé dans mon lit, Emma endormie à côté de moi, les questions de tout à l'heure me reviennent en tête. Comment un être de conscience 7 peut-il ainsi régresser à un stade de pauvre 4, voir même de 3 ? Être condamné à devenir chimère n'est certes pas très réjouissant, mais de là à vouloir me tuer moi, condisciple parmi tout un tas d'autres qui sont aussi coupables que ma personne... Et cette phrase d'Arès ! "La Grande Chimère doit déjà diner". Malgré tout, ce pauvre Vauban ne méritait pas ça.
Contre moi, ma compagne reserre son étreinte. Même dans son sommeil, elle me sent tendu, nerveux. Si c'est pas malheureux. Doucement, je sors du lit et la borde dans les draps, qu'elle n'attrape pas froid. Je revets une toge et retire mon anhk du chargeur. J'ai besoin de me vider la tête. Je serais rentré avant qu'elle ne se rende compte que je suis parti.
Je déambule encore une fois en Olympie, seul dans le vent frais de la nuit, avec pour seules compagnes ces deux lunes d'un blanc nacré. Je remonte la rue des villas puis continue tout droit, vers les Champs Elysées. Je ne vis ici que depuis trois semaines et je connais déjà le chemin par coeur. Changeons, tiens, pour une fois ! Je prends au sud, vers le quartier des maîtres-auxiliaires, comme Sisyphe qui nous avait apprit l'importance des villes ou Prométée qui nous avait apprit la révolution. Pas la moindre chimère dans les rues, à cette heure. Pourtant, au loin, il me semble distinguer une fine silhouette qui avance dans le même sens que moi. Je cille, la forme a disparu.
J'arrive devant la gigantesque maison d'Atlas lorsqu'un bruit attire une nouvelle fois mon attention. A genou devant la porte de cinq mètres, un élève en toge blanche essaie de crocheter la serrure. Je plisse les yeux et parviens à cerner son visage. Luly ! Mais que fait-il donc à vouloir entrer par effraction chez le Titan ? Mais je connais déjà la réponse, hélas. C'est dans la cave d'Atlas que sont rangées les sphères-monde, et son peuple est en facheuse posture. Il veut sauver sa peau, par tous les moyens. Il va tenter de jouer alors que les autres sont absents, pour se favoriser. Je ne vais pas le laisser tomber ou Atlas va le transformer en chimère !
Discrètement, sur la pointe des sandales, je me place derière lui et me prépare. Ca va se jouer à la seconde. Par chance, il ne m'a pas vu venir. Je plonge d'un coup, le baillonne d'une main et le tire en arrière de l'autre. Il faut l'éloigner de la porte, et en silence ! Le bougre m'a reconnu mais se débat, refusant d'abandonner la mission qu'il s'est attribué.
- Arrête, souflé-je. Tu n'as pas besoin de faire ça, tu peux encore remonter loyalement dans le classement !
Je lui libère la bouche pour qu'il puisse parler. Pas suicidaire, il me chuchote d'une voix tendue que je ne lui connaissait pas :
- Ca se voit que, toi, tu domines. Moi, je suis prêt à tout pour jouer. Et gagner !
D'un coup, il m'enfonce son coude dans l'estomac. Surpris et le souffle court, je le vois se retourner et m'envoyer un crochet du droit en pleine machoire. Prêt à tout, vraiment ? Je tombe à terre alors que, consciencieux, il s'avance pour m'achever. Pas me tuer, juste me mettre hors course, ça lui suffirait pour accomplir son affaire. Il lève la jambe, préparant un coup de pied. Je saisis ma chance et d'un coup dans sa seule cheville, le fait s'écraser au sol avant de lui sauter dessus. Je lui rends sa droite et maugréé entre mes dents serrées :
- Si tu veux y aller, il va te choper. Ce n'est qu'un raccourci vers la chimérisation, Luly. Tu vaux mieux que ça !
Dans ses yeux, je ne voix plus la peur ou la crainte. Je l'ai sortit de sa peur, libéré de ses démons, réveillé. Nous nous relevons, je le soutiens. On avance jusqu'à la porte pour récupérer son anhk, tombé à terre lors du combat, lorsque soudain, la serrure grince et le Titan sort, en bure, le regard de feu et un sourire mauvais aux lèvres.
- Tiens, deux élèves.
Nous commençons à reculer, anhk en main par précaution. Mais Atlas avance, et son sourire s'élargit.
- On voulait peut-être aller farfouiller dans la cave ?
- N-non, balbutie Luly, pas du tout...
- On voulait sauver ses mortels ?
- Non non, on faisait... un petit tour entre amis, voila tout !
Le géant nous sourie toujours, puis accompli soudain un geste si rapide que je ne m'en rend compte que trop tard. Il a chargé. Mon compagnon et moi sommes écrasés par son poids, immobilisés. Mais le pire, c'est sans doute le discours du Porteur de Ciels.
- Vous expliquerez tout ça à Hermaphrodite. Moi, ça ne me regarde plus.

LE LABO D'HERMAPHRODITE.
Une odeur d'anesthésique plane dans l'air. Je suis affalé contre un mur. Il y a beaucoup de lumière, mais pas un bruit. C'est assez étrange. J'ose ouvrir un oeil. Grand-Zeus-tout-puissant ! Je suis dans une grande cage de verre, percée de petits trous en hauteur, pour l'air. A mes côtés git Luly, inconscient. Le compositeur n'est décidément pas très robuste. Mais, il y a d'autres cages... ARGH ! Qui ? Qui a bien pû être assez dérangé pour imaginer de tels êtres, et leur donner la vie ? Je vois comme des hommes-vautours, des femmes-kangourou, des iguanes-léopard... Toute une multitude de chimères horribles, qui n'auraient jamais dû exister. De pauvres âmes contraintes de subir la folie furieuse de leur créateur bisexué. Car, tranquillement assit dans son fauteuil de cuir, face à nous, Hermaphrodite nous observe, mi-amusé, mi-compatissant, lissant sa moustache, ses jambes fines croisées. Un mauvais mélange entre un méchant de "James Bond" devant ses prisonniers et Sharon Stone dans "Basic Instinct". Mais le pire, c'est sans doute sa toge, du même genre que celle de sa mère : moulante. Quelle horreur !
Gémissant, Luly se réveille doucement, la main sur l'énorme bosse qu'il a au front. En voyant le dieu auxiliaire, il blémit. Puis face aux créatures, il devient vert. Il faut bien que quelqu'un tente le coup. Au hasard, moi, par exemple...
- Si je vous disais qu'il y a un énorme malentendu, vous m'écouteriez ?
- Probablement pas, mais essayez toujours, plaisante l'héritier d'Hermès et d'Aphrodite, j'adore les belles histoires, Thrawn.
- Bon. Je faisais un petit tour dehors de nuit...
- Pas très original. Et puis, vous avez laissé seule votre compagne ? Ce n'est pas très galant...
- J'avais besoin de faire le vide, vous savez ce que c'est, avec l'histoire de Vauban...
- J'imagine. Mais allez-y, continuez.
- Et donc en passant dans la rue des maîtres auxiliaires, je tombe sur Luly, dépité. On s'engueule, on en vient aux mains, et alors qu'on se remet de nos émotions après avoir valdingué dans le jardin d'Atlas, il nous tombe dessus et nous amène là.
Allez, je soutiens Luly. C'est pas le moment de le lâcher, ou on plonge tous les deux !
- Ce n'est pas la version de ce vieux Titan, pourtant. Et sa serrure a été forcée. Vous expliquez ça comment ?
- Nous ne sommes pas que deux à Olympie, tentais-je.
Le dieu éclate de rire. J'ai perdu. On est, mais alors mal barrés. Déjà, face à un Maître, la situation aurait été tendue, mais face à ce cinglé, elle est très critique !
- Ecoutez, pas besoin d'être Athéna pour voir que vous avez voulu tricher. Même si l'un avait tenté d'arrêter l'autre, ça ne compte pas puisque vous vous couvrez mutuellement. Nous allons donc passer à la chimérisation. Une préférence ?
Dans la cage, nous tremblons de tous nos membres. J'ai été honnète tout le Jeu pour finir comme ça ? Chimère stupide et servile alors que je n'ai pas encore découvert le niveau 8 ? Tu peux rêver mon pote !
- Quels choix a-t-on ? demandé-je.
- Oh, c'est assez varié. Griffon, Centaure, Chérubin, Satyre... Ou Colosse. Mais là, vous remplaceriez Atlas, alors honnetement, je ne vous le conseille pas.
- Disons... Chérubin alors. Un petit gars ailé, ce doit être agréable.
- Très bon choix, vous serez au service de mon père en plus. Je crois qu'il vous aime bien, ce sera plus facile pour la cohabitation. Et vous Mr Luly ?
- J-je ne veux pas...
- Allons, ne faites pas l'enfant, vous saviez bien que c'était votre destin. Vous jouez si mal... Un miracle que vous soyez arrivé en finale. Si vous saviez comme ça a fait jaser le corps enseignant !
Luly n'était déjà pas rassuré, mais Hermaphrodite avait provoqué une réaction, c'était sûr. La haine. Devant ce regard, notre geolier ricane de nouveau.
- Le plus drôle, déclare-t-il, c'est qu'exeptionnellement, la sphère a été entreposée ici parce qu'Atlas agrandit sa cave ! Donc vous seriez arrivé chez moi de toute façon. Maintenant, allons-y, Thrawn. Monsieur Luly fera son choix plus tard.
Sur ce, il saisit son anhk et ouvre la porte de verre avec précaution. Dardant l'arme vers Luly, il m'invite à sortir. Je me lève lentement, et m'exécute. Angle mort. Maintenant ! Je décoche au dieu auxiliaire une nouvelle droite qui lui fait percuter la porte de verre, qui tombe en morceaux. Luly a déjà réagit. Il a plongé sur l'anhk tombé à terre et le pointe vers le bisexué assomé. Il hésite à tirer, le doigt sur le détente.
- Ne fais pas ça. Pour l'instant, Athéna peut encore nous sauver la mise.
Lentement, il abaisse l'arme et nous sortons pas la seule porte. Au passage, je récupère nos anhks personnels, posés sur le plan de travail d'Hermaphrodite. Nous arrivons dans un long couloir aux tentures pourpres, avec deux choix de direction. A gauche, j'aperçois les rues d'Olympie, et au loin, le Mégaron. A droite, au milieu d'une estrade isolée au centre d'une bassine géante semblant contenir un liquide argenté, une sphère-monde de six mètres de diamètre. Terre12. Déjà, je tourne les talons, mais l'ancien compositeur de LouisXIV ne me suit pas. Il a tourné à droite, l'imbécile !
- Mais n'as-tu donc rien comprit ?
J'essaie de l'attraper, mais il lève le bras, anhk chargé. Dans ses yeux brillent la folie d'un homme qui n'a plus rien à perdre. Je continue d'avancer, emporté par mon élan. Il tire à pleine puissance. Je plonge et toute ma vie repasse devant mes yeux. Mortel, puis Ange, puis Dieu. Le tir anéantit la passerelle sur laquelle nous nous trouvions et emporte un morceau de mon épaule. Criant à pleins poumons, nous tombons dans les profondeurs de la bassine. Dedans ce n'est ni du liquide, ni rien de connu. Ma seule sensation claire est de perdre mon âme, mon corps, dans la douleur la plus terrible. Un effet d'attraction démarre, attirant mon corps au centre de la bassine, sous l'estrade. Quel corps? La douleur, insupportable, déchire mes chairs, mes muscles, mes tendons, broie mes os, fait s'évaporer mon sang. Seul reste mon esprit, attiré au centre, toujours plus au centre, qui me semble pourtant de plus en plus éloigné, comme si tout en allant vers lui, je m'en éloignait. Pourtant, il parait grandir à vue d'oeil. La douleur cesse. Je n'ai plus d'enveloppe charnelle, mais suis toujours attiré par ça, cette énergie au centre du bassin. Et au milieu d'elle, je vois avec mon âme comme des centaines de points lumineux aglutinés, et d'autres, moins nombreux, légèrement éloignés. Qu'est-ce ? Hermaphrodite, t'aurais-t-on confié mon but ? Serais-tu le gardien du HUIT ?
Je suis là, Sphère ! Me voila ! Je suis devant, je m'approche à toute vitesse, si vite, mon dieu ! Et alors que j'entre au sein de ces lumières, la douleur de nouveau. Plus terrible, plus intense encore. On emprisonne mon âme, on la contraint à se recroqueviller. Je perds conscience du temps, du lieu. Ne reste que la souffrance.
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMar 2 Sep - 20:14

TERRA INCOGNITA.
Chaud. Il fait tellement chaud. J'ai mal partout. Au dos, dans mes bras qui me semblent plus lourds que jamais, à mes jambes qui me donnent l'impression d'être en plomb. Dans mon épaule brisée. Et cette lumière ! C'est une passion en Olympe d'aveugler les gens ? Je tourne la tête lentement. J'entends comme une voix près de moi. Elle est aiguë, comme paniquée. A tous les coups, un maître-dieu qui incendie Hermaphrodite pour ce qu'ils nous a fait. Une brise parcourt mon visage. Une brise en intérieur ? Mais suis-je en intérieur ? Cette bassine m'a peut-être envoyé à l'autre bout d'Aeden ! Tiens, c'est marrant, je pense à toute vitesse mais mon corps est lourd, lourd... Des tonnes ! Et cette bure, cette toge qui me font transpirer ! Intenable ! Dès que j'arrive à me lever, je fonce prendre une douche !
Quelque chose, ou quelqu'un appuie un peu sur mon bras, comme pour voir si je suis en vie. Mais ça va pas d'appuyer là ? J'ai l'épaule cassée, ça se voit pas ? Je réponds quand même par un bruit de gorge. Je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit. Trop soif. Tiens au fait, les dieux peuvent-ils mourir ? Il faudra que je me renseigne quand même. Il y a peut-être un "Empire des Anges-Dieux" si ça se trouve ! Mais pour bouger et parler, il me faut des forces. Mon corps refuse d'exécuter le moindre mouvement. Et ma gorge qui me brule !
- Soif... Eau...
- D-d'accord... N-ne bougez pas. Je reviens...
A qui pouvait bien appartenir cette voix. Une jeune femme à l'entendre. Mais, attends une minute ! Aucune déesse n'a cette voix. Et les chimères ne peuvent pas s'exprimer oralement, sauf les satyres. Et ce n'est certainement pas une voix de satyre ! On me redresse un peu. La jeune femme, qui qu'elle soit, me soutient le dos et me fait boire à ce qui semble une gourde. Redressé, mon visage est dans la fraicheur de l'ombre. J'ose ouvrir les yeux, un peu.
Devant moi, une grande plaine parsemée de fleurs et d'arbres. Un parc plutôt. Dans les arbres, j'entends enfin les oiseaux chanter doucement. Mais, il n'y à pas de moineaux d'habitude en Olympie. Sauf chez Demeter je crois, et encore ! On m'adosse bientôt à un tronc, et je vois le visage de cette jeune personne attentionnée qui m'a donné à boire. Je ne la connais pas. Mon épaule me lance.
Elle a un visage harmonieux, c'est le moins qu'on puisse dire. Deux yeux noisette, des cheveux chatains frisés qui tombent dans son dos, elle ne doit pas avoir beaucoup plus de vingt ans. Une gamine, par rapport à mes millénaires. Enfin, chez les Dieux, tous est relatif... Elle est étrangement habillée pour une habitante d'Aeden. Un tailleur rose, un pantalon noir, des chaussures au lieu des sandales... Mais le plus intriguant, ce sont ses yeux. Ils semblent à la fois appeurés et irrésistiblement attirés. Elle ressemble à ces papillons qui foncent dans les flammes pour se brûler les ailes.
J'essaie d'articuler, la bouche encore sèche.
- Où... suis-je... ?
La jeune fille se raidit, la peur passe sur son visage, mais c'est la fascination qui se lit dans son regard. Pourquoi me regarde-t-elle comme ça ? Parce que j'ai l'épaule en morceaux ? Si ça la choque, c'est qu'il lui en faut peu.
- V-vous ne savez pas... où nous sommes ?
- Je... Aeden ?
Elle fronce les sourcils, semble ne pas comprendre. Ben quoi, il n'y a pas trente-six façons d'appeller cette île, si ?
- Ae... Quoi ? Je... Non, je ne vois pas de quoi vous... Vous êtes... en Thrawnie.
Le temps s'arrete. La chaleur quitte mon corps, mon regard se voile. Non, ce n'est pas possible ! C'est une farce ! Dionysos va arriver avec Pan en rigolant et on va arrêter ce cirque ! En Thrawnie, n'importe quoi ! Ils se sont pas pressé le citron pour la trouver, celle-là ! Quoique, la mise en scène est très réaliste. Un paysage inconnu, une jeune femme bonne actrice, avec un... Bon sang ! Ils lui ont même fait le... Attends ! Comment savent-ils pour le tatouage sur le poignet ? Personne n'aurait l'idée de regarder là... Oh, mais pourquoi je cherche moi ? Ils aiment la mise en scène en Olympe, voila tout ! Tiens, si je jouais leur jeu, deux minutes ? Je ne reconnais pas ma voix tellement j'ai soif lorsque je l'interroge :
- En... Thrawnie ?
- Je... Oui. Dans la quatrième province, au sud-est de la capitale.
Ils s'étaient bien renseignés dis-donc. Je vais devoir la bluffer, et rapidement. Être gentil avec les profs en jouant leur jeu, d'accord, mais faut pas pousser non plus !
- Ah, et quel est le chancelier ?
- Eh bien, Valmer, mon père.
Frisson. ca ne veut rien dire. Absolument rien. Ils ont juste bien monté leur coup, c'est tout. Le fait qu'ils aient réussi à trouver le nom du Chancelier ne veut rien dire. Luly était même peut-être dedans ! Tiens, il est où lui ? Du regard, je ne distingue que ce parc vide. Au fond, un manoir. Il me semble le reconnaitre. Mais, c'est... Elle voit mon trouble et tente de m'apprendre ce que je présens déjà.
- C'est chez moi... Enfin, chez ma famille. c'est le manoir Valmer. Il est très ancien, deux siècles, et très connu. Avant dessus, il y avait un...
- ... fort. Le fort du Cycle...
- Vous voyez que vous savez des choses, s'enthousiasme-t-elle. Le coup du fort, il est rare que les gens le connaissent pourtant...
- Ah ? demandé-je d'un air absent.
Non. Non ! NON ! Ce... C'est pas... pas possible ! La cuve... Elle m'a... Non ! Je suis... Alors ... Je comprends soudain ma situation. Je suis foutu.
- Vous allez bien ?
- Si on veut...
Je n'ai plus soif, seule ma douleur à l'épaule me rappelle que j'ai encore un corps. Ces lumière vers lesquelles mon âme à plongé, agglomérées ensemble, c'étaient les âmes des mortels ? Et les autres, à peine éloignées, celles des Anges de... Pourvu qu'on me retrouve et qu'on me ramène. Vite. Je ne pourrais pas rester là sans devenir fou. Prisonnier sur notre plateau d'échec. Mortel sur Terre12... Savoir sans pouvoir transmettre, limité par la connaissance !
Elle, ne cesse de me regarder. Habillé comme je le suis, pas étonnant qu'elle soit intriguée, tiens ! Et comment je suis arrivé là ? Apparu, comme ça, pouf ? Ou écrasé depuis l'espace ? Pour qu'elle ne me vire pas, ce doit être plus ou moins spectaculaire. Elle prend son courage à deux mains et me demande, justement :
- Comment avez-vous fait ?
- Pardon ?
- Pour arriver, comme ça ? Qui êtes-vous pour pouvoir faire ça ?
Je prends sa gourde de mon bras valide et boit. Déjà, elle ne me voyait pas comme un quelconque pervers ou voleur. C'était déjà ça.
- Faire quoi au juste ?
- Oh, ironisa-t-elle, rien. Juste apparaitre dans un éclair de lumière au milieu de la journée !
Pas très original cet aterrissage... Les Dieux perdaient en crédibilité sur ce coup là...
- Vous ne me croiriez pas...
- Si vous n'essayez pas, il y a peu de chances, c'est vrai.
Pourquoi avoir rendu mon peuple aussi tétu ?
- Je suis... Un être disons, supérieur.
- Mais encore ?
- Si je vous le dis, vous allez me prendre pour un cinglé.
- Après le coup de l'apparition, il a peu de risque. Tout peut paraître réaliste.
- Pourquoi ? Si je suis franc, vous allez croire qu'il y a un trucage.
- Aucune chance, vous avez fait valdinguer mon déjeuner alors que je venais de m'installer.
En effet, je suis assit sur une nappe posée à même l'herbe, en plein milieu du jardin. Elle ne croyait donc pas à un trucage. Je tente ?
- Je suis votre Dieu.
A peine ais-je prononcé cette phrase que mon épaule se met à me bruler atrocement. Je tombe sur le flanc, terrassé par la douleur. Elle panique, horrifiée et impuissante, obligée de me regarder ainsi. C'est comme si on versait une bouteille d'alcool sur ma blessure ! Je serre les dents alors que la souffrance s'estompe peu à peu. Je me redresse lentement et regarde. Grand Zeus !
Elle aussi fixe mon bras, sidérée. Démis, il s'est reboité, quoique un peu trop lentement à mon goût. J'aurais préféré souffrir moins longtemps... Et la douleur que je sentais depuis mon réveil, ce devait être la cicatrisation. Ca se tient. Mais alors, il y a à cela d'horribles conséquences. Je vais subir la pire des tortures. Être un immortel conscient dans un monde de mortels inconscients... Et impossible de mourir pour essayer, depuis leur Empire des Anges, d'alerter Aeden de ma situation !
Elle écarte lentement ma manche et passe la main sur mon membre remboité. Je n'ai même pas de cicatrice. Elle tremble et me dévisage, tétanisée. Je me redresse contre le tronc de mon arbre et lui laisse le temps d'accepter. Vieux réflexe, je fixe le ciel tout en réflechissant. Qu'est-ce que je vais faire ? Rester ici, au "sol", ça c'est certain. Mais après ? Peut-être devrais-je me faire remarquer, pour que les autres joueurs me voient ? Après tout, on regarde souvent les leaders chez les Dieux. Mais je n'ai pas l'âme d'un dirigeant, ni les ambitions.
- ... Dieu ?
Je regarde ma Thrawnienne. Dans son regard, la fascination est plus forte que jamais. Mais le problème, c'est qu'elle va me questionner. Comment savoir si mes connaissances de 7 peuvent être, dans une certaine mesure, transmise à des 4-5 ?
- Mais... Êtes-vous la symbiose des Trois ?
Il me faut faire un effort pour comprendre. Je me rappelle avoir effectivement scindé leur croyance en trois branches :
La Vie, que l'on doit préserver et aimer.
La Mort, que l'on doit respecter mais pas craindre, car elle est une fin inéluctable.
La Réincarnation, promesse d'une nouvelle vie après la Mort.
- Non, c'est plus compliqué que cela. Êtes-vous croyante, au fait ?
- Je... Oui, enfin... Plus ou moins...
Son ton peu assuré montre qu'elle ne l'est pas du tout. En même temps, je pousse de plus en plus les miens vers l'athéisme, alors forcement, même s'ils gardent leurs valeurs, ils perdent la foi...
- Et bien, il faut savoir que toutes les religions sont fausses, annoncé-je.
- Quoi ?!
- Nous, là-haut, les avons créé comme des instruments destinés à, disons, discipliner les mortels. Donc vos idées du "Paradis" et de "l'Enfer" sont toutes fausses ou presque. Les trois seules forces qui existent sont A,D et N. Association, Neutralité, Domination.
- Mais alors, l'après-vie ?
- Mieux vaut ne pas en parler. Là-haut, on a déjà eu des problème lorsque les mortels ont comprit ce qui les attendait "après".
C'est vrai. Depuis l'Empire des Anges, je me rappelle avoir assisté à la croisade des Thanatonautes de Terre1. C'avait été un sacré charivari quand on avait vu cinquante touristes par jour venir visiter le Paradis ! Elle semble comprendre.
- Mais, si votre "chute" est accidentelle, les autres vont venir vous chercher, non ? Ou bien pouvez-vous remonter ?
- Je ne pense pas pouvoir y retourner seul, car comme je ne peux pas mourir, il m'est impossible de passer par le chemin "conventionnel". Et comme personne ne sait où je suis, il y a peu de chances qu'on me retrouve. Je suis coincé ici pour un moment.
Je regarde toujours le ciel. Je n'ai jamais eu autant le blues. Quand je pense à Emma qui doit me chercher à travers tout Aeden. Ah mais non, pas encore ! Il doit s'écouler un siècle ici par jour à Olympie. Donc chez les Dieux, elle dort encore ! Réfléchissons, je suis tombé dans la cuve vers trois heures à la pendule d'Hermaphrodite, donc ça veut dire qu'avant qu'ils ne commencent à jouer, à neuf heures, il va s'écouler... Vingt-cinq ans ! Misère ! Un quart de siècle ici, chez les mortels, sans pouvoir partager mon savoir !
- Alors je vais vous aider !
- Pardon ?
- Je ne vais pas laisser un Dieu seul, perdu dans un monde où il n'a aucune chance de s'en sortir.
- Ca devrait allez, j'ai déjà été mort...
Oh la boulette ! Elle me regarde avec des yeux ronds.
- Déjà été mortel ?
- Euh... Oui. En fait, j'ai été mortel, puis Ange et récemment on m'a considéré assez sage pour être un Dieu. Mais ne compte pas sur moi pour t'en dire plus ma jolie !
Oh l'imbécile, voila que je la tutoie. L'habitude de dire "tu" aux collègues, Anges ou Dieux... Mais ça n'a pas l'air de la géner, au contraire, elle semble même plus ou moins rassurée. C'est vrai qu'un dieu qui vouvoie, ça le fait beaucoup moins...
- Et bien gardez donc vos mystères Grand Dieu ! Mais moi, je vous dis que vous allez rester ici. Si vous sortez, même habillé convenablement, vous aurez du mal à être discret, sans argent, sans papiers d'identité et sans domicile.
Ah oui, je n'y avais pas pensé. Du point de vue technique, elle n'a pas tort. Mais un mortel n'en reste pas moins profiteur. J'ai comme un doute. Si elle parait sincèrement me croire, son entourage pourrait vouloir profiter de mes dons pour s'en mettre plein les poches. Au pire, j'ai de quoi me défendre : dans la mienne, je sens mon anhk et celui que je n'ai pas rendu à Luly. Il faudra y faire attention, ici je serais incapable de les recharger. Et s'ils tombaient entre les mains d'un mortel, je n'ose imaginer les dégats ! Bah, j'aviserais.
Et puis mon hotesse n'a pas l'air de vouloir me laisser le choix.
- D'accord, je me rends. Passe devant.

Fin chapitre 5
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMer 10 Sep - 12:25

Chp6 : Terre 12.


APPRENDRE A VIVRE.
Nous entrons dans le manoir pas une grande baie vitrée. Nous nous trouvons dans un salon luxueux et acceuillant. Tout ici sent le luxe, mais le luxe mérité : depuis des siècles, j'utilise cette famille comme porte-étendart du monde Thrawnien. Ils ont, d'une génération à l'autre, eu une dizaine de Grands Prêtres, deux régents, une douzaine de ministres et des chefs de guerre. Alors si une famille Thrawnienne doit vivre heureuse, c'est celle-là !
Sans me demander mon avis, elle me fait asseoir dans le fauteuil le plus proche. Je me sens mal à l'aise. Face à ses proches, je vais faire quoi, moi ? Dégainer mon anhk ou me charcuter un membre ? Les deux peut-être ?
- Bon, dit-elle, si je veux vous aider, il va falloir que je sache comment vous appeller.
- Ca me parait logique. Mon nom est Thrawn.
- Sérieusement ?
- Oui, de la même façon que le dieu des Noireauds est Renoir, celui des Clémite se prénomme Clément, et celle des Dupuites, Emma Dupuis. C'est aussi simple que cela, on ne s'est pas cassé la tête.
- Je vois. En effet, ce n'est pas la peine de compliquer les choses.
- Et toi ?
- Oh, Roxane.
Tiens, c'est joli comme nom ça. Ca me fait penser à Cyrano ! "C'est un pic, c'est un cap, que dis-je c'est un cap, c'est une péninsule !" ou bien à un groupe de rock sur Terre1 : Police.
- Maintenant, reprend-elle, il va falloir trouver une bonne raison de vous faire habiter ici.
- "Je suis votre Dieu" ça ne leur suffirait pas ?
- Vous voulez qu'ils sachent ?
- Je me vois mal passer pour le petit-ami qui s'incruste. Autant qu'ils sachent, eux. Et puis ton père pourrait me servir. Il m'obtiendrait des papiers d'identité, puisqu'il est chancelier.
A l'évocation de "petit-ami", mon interlocutrice a viré au rouge. Feintant de ne rien voir, je me retiens de rire. Voila une jeune fille qui a dû vivre un peu trop éloignée des garçons. Nous décidons de prévenir sa mère tout de suite. Mon coeur bat à toute allure, mais ça n'a pas l'air de se voir, car je tente de me détendre au maximum. Au début bien sûr, elle veut me jeter dehors. Mais quand je cicatrise après que Roxane m'ait planté un couteau dans le bras -sans me prévenir par avance, d'ailleurs- elle tombe à genoux et s'excuse. Elle met du temps à comprendre que ne veux pas être vénéré, juste retourner chez les miens. Pour le père, c'est plus simple. Voir un type en toge le surprend, mais il accepte de voir mes "dons". Pâle, il déclare avec franchise être mal à l'aise, mais assure vouloir m'aider.
- Si je refusais d'aider mon Dieu, je serais bien ingrat. Sans vous, nous ne serions pas là.
Le soir, ils m'interrogent un peu. Comme je refuse de leur parler de la mort (Roxane essayait encore de savoir alors que ses parents avaient accepté mon silence), je leur raconte comment je les ai guidé, à travers les âges. Je suis étonné de leur regard sur certains évènements. Pour eux, les Vaniens étaient des pirates vaniteux vaincus par plus fort qu'eux et les Zoliens de pauvres diables qui n'avaient pas su suivre l'évolution du monde. Quand je leur explique les faits, ils ont du mal à me croire. Je trouve cependant une explication simple à ces divergeances : les propagandistes du vainqueur le glorifient toujours, alors que depuis Aeden, j'ai eu la vision objective des faits. C'est ce que nous avait dit Prométée : "Mao, Staline, aucun d'eux n'est un héros véritable, juste un produit de propagande auquel le peuple a cru un temps. Louis XVI a voulu défendre son peuple et a fini sur l'échafaud, on l'a fait passer pour un fourbe. Akhenaton a voulu faire se relever son peuple, et ses prêtres ont presque effacé les traces de son règne. L'Histoire n'est pas faite que par les actes des chefs. Elle est surtout écrite par la plume des vainqueurs."
Les Valmer sont particulièrement interloqués par mon anhk.
- C'est avec ça que vous envoyez la foudre ?
- Bien sûr. Ca me permetait aussi de "zoomer" sur la planète.
Je vois qu'ils notent mon emploi de l'imparfait. Même s'ils m'acceptent, ils savent que mes chances de repartir sont faibles. Je laisse Mr Valmer essayer mon arme. Il tente, de nuit, d'abattre un oiseau dans le jardin de la propriété. A ma grande surprise, mon arme refuse de tirer. Mais quand je l'essaye, elle fonctionne parfaitement.
- Ce doit-être parce que vous êtes Dieu, déclare Roxane, et pas nous.
- Peut-être. En tout cas, il va falloir que je garde ces objets précieusement. Ici, impossible de les recharger.
- Ca se décharge ?
- Oui, mais assez lentement quand je l'utilise beaucoup, chez les miens. Ici, la batterie devrait tenir un siècle sans problème.
- Au pire, on le branchera.
- Je ne pense pas, ricané-je, que l'ensemble des centrales du continent puissent le recharger au quart, même si je leur laissait deux millénaires !
Depuis, j'ai remarqué qu'ils évitent soigneusement d'approcher mes croix ansées. En soit, ça ne me dérange pas. On m'a attribué comme chambre une suite juste à côté de celle de Roxane. Au menu : chambre, salon, salle de bain, le tout rien que pour moi. C'est presque mieux qu'Aeden. Convaincues que je dois cesser de porter ma toge, mes hotesses me donnent de quoi me vêtir normalement chez eux. De toute façon, je comptais bien changer : il fait bien plus frais ici qu'en Olympe, et une toge ne tient pas suffisamment chaud !
Au fur et à mesure des jours, La jeune femme m'interroge de plus en plus sur l'Aeden. Elle savoure mes descriptions sur la manière dont on "joue" avec les peuples. Loin de l'effrayer, cela la fascine. Elle devient un peu moins passionnée lorsque je dérive vers mes amis et Emma. En même temps, une relation amoureuse n'a rien de plus extraordinaire là-haut que sur Terre, alors forcement, c'est moins passionnant. Elle est sidérée que je cite "Terre1" toute les cinq minutes, comme élément de comparaison.
- Mais c'est ici, la Terre.
- Ah non ! Pour les Dieux, ici, c'est Terre12, la douzième version de la planète Terre1 dans l'Univers.
- Donc tu viens de l'originale ?
- Oui. Et ne crois pas que ce soit mieux qu'ici. C'est limite pire : problèmes politiques entremélés, guerres stupides avec la religion au coeur... Non, Terre12 est bien plus...parfaite ! En même temps, c'est normal...
- Pourquoi ça ?
- Chez moi, le sept est le chiffre de la puissance, le huit de l'Infini, et le douze...
- Allez, crache le morceau !
- C'est la perfection.
- C'est drôle ça.
- Pourquoi ? Dans notre calendrier, je suis née le 12-12-12.
Elle me regarde sérieusement, puis, rouge, éclate de rire. Je déteste quand elle se moque de moi, alors je l'embète. J'ai apprit comme ça qu'elle était très chatouilleuse. Du coup, elle y réfléchi à deux fois avant de me taquiner. Il n'empèche que je suis content d'avoir une amie aussi gentille. Quand je pense que j'aurais pu attérir chez les Noirauds ou les Bonapartes ! Brrr !
Les jours s'étirent en semaines. On m'encourage à sortir du manoir, à aller voir ce qui se passe dehors.
- Si vous en avez pour au moins trente ans, me déclare Mr Valmer (que je dois désormais appeller par son prénom, Charles), autant vous occuper. Interressez-vous à notre monde depuis notre point de vue. Ca devrait vous apprendre des choses. Peut-être même jouerez-vous mieux une fois retourné en... Aeden, c'est ça ?
Je visite donc la capitale, Thrawnia, à un quart d'heure en voiture. Je découvre que Roxane et moi avons des goûts communs : je suis bien plus fasciné par la vieille cathédrale Renaissance, avec ses trois ailes, ses jardins et son grand atrium, que par la Tour Badka.
- On dirait la Tour Eiffel de Terre1. Même si c'est élégant, une cathédrale à quatre coupoles est bien plus intéressante. Dans mille ans, elle sera encore debout alors que ce tas de tôle sera rouillé.
- C'est vrai qu'elle est jolie notre cathédrale.
- Rien de plus normal ! J'ai pas choisi le premier plouc pour la faire dresser.
- C'est toi qui a personnellement commandité ça ?
- Ouais. Je voulais enfin lancer la Renaissance, avec les copains, alors j'ai choisi un petit gars, je l'ai élevé dans l'admiration de votre Antiquité, et je lui ai fait aimer les maths. Au final, il est devenu architecte, sculpteur et peintre ! J'étais plutôt fier de moi. Après, il a peint la voute de la Chancelerie et a suffisemment sculpté et peint pour remplir deux musées. C'était mon Michel-Ange, et je l'avais appellé l'Architecte ! Qu'est-ce que j'en étais fier !
- Et tu lui as dis comment bâtir tout ça ?
- Pas compliqué. J'ai prit la cathédrale de Florence pour modèle. Son talent a fait le reste.
- Elle ressemble à quoi celle-là ?
J'éclate de rire.
- Tiens, regarde une des trois ailes, n'importe laquelle.
- Oui ?
- Rien qu'avec cette seule aile, tu as la cathédrale de la belle ville de Florence, en Italie, sur Terre1 ! Et puis après avoir été occupé par la guerre avec Monet, j'y ai fait bâtir la Grande Coupole, sur le toit plat de l'atrium octogonal qui relie les trois ailes entre elles. Mon seul ajout par rapport à l'oeuvre originale de Brunelleschi ! Si l'on exepte la multiplication des ailes, bien sûr...
- Fier ? ricane-t-elle.
- On ne peut plus.

LE SECOND IMMORTEL.
Mais il fallait bien que ça arrive. Cela fait un an que je vis chez les mortels, et un soir, au diner, on regarde Charles accueillir dans la Chancelerie le président Noiraud. Un geste de bonne volonté en ces temps de paix. Mais l'homme que je vois descendre de la berline, je le reconnais tout de suite. Vétu d'un costume noir, le visage de marbre, l'allure hautaine et les cheveux courts, Luly parait méconnaissable. Du compositeur peureux face à Atlas, il ne reste aucune trace. Chacun des dirigeants monte sur son estrade et entame un discours. Mr Valmer prône l'entente cordiale entre les peuples et leur rapprochement, pour le bien de tous. Luly fait un discours similaire, mais on peut lire entre les lignes : il vient ici pour faire un geste mais n'a pas l'intention d'allier Noirauds et Thrawnien si un conflit éclatait. A la fin de son discours, qui aurait pu être celui d'un politique aguerri, il se met à parler plus lentement, un langage que personne ne semble comprendre. Sauf moi.
- Mais, m'exclamé-je, il parle Français !
- Je sais que tu es quelque part sur Terre12, Thrawn. Arrange-toi pour me contacter. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.
Ce n'est qu'à ce moment que je me rends compte que, depuis un an, je parle Thrawnien, mais pas uniquement. J'ai, par exemple, renseigné un touriste Molière l'autre jour, alors que Roxane ne connaissait pas sa langue. Je n'avais pas réagit sur le coup, mais il semblerait que mon statut divin me permette de traduire tous les langages humains. D'ailleurs, je dois tenir ça des Anges, puisqu'ils comprennent eux même les langues de tous leurs clients. A méditer...
Sortant de ma réflexion, je remarque que les deux femmes m'observent, mère et fille. Aïe, il va falloir m'expliquer.
- Tu le connais.
Ce n'est pas une question, bien sûr...
- C'est Luly. C'est lui qui a voulu tricher et qui nous a fait attérir ici.
- Et... Il a dit quoi ?
- Qu'il voulait me voir. Il se doute que je suis sur cette planète, évidemment, mais il ne sait pas où. La télé, c'est un bon moyen de m'appeler.
- Et... Tu vas y aller ?
- Je n'en sais rien...
Le soir, je réfléchis sur le canapé alors qu'à côté de moi, Roxane termine un gros livre. Dois-je répondre à l'appel de Luly ? Peut-être veut-il simplement que nous réfléchissions ensemble à un moyen de retourner en Aeden ? L'un dans l'autre, mieux vaut que je le voie. Je veux le dire à Roxane, mais elle s'est endormie. Tiens, je l'avais prise dans mes bras. Je ne m'en suis même pas rendu compte. Je la porte dans sa chambre et l'installe sous la couette. Je n'ose pas la déshabiller et lui retire juste ses chaussures. De retour dans mon lit, je pense à Emma. Il faut vite que je retourne en Aeden, ou je vais succomber aux charmes ma petite croyante. Ses manoeuvres pour me séduire me font de plus en plus d'effet...
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMer 10 Sep - 12:25

MONSIEUR LE PRESIDENT
- Vous voulez QUOI ?
Tout sympathique et fidèle qu'il était, Charles a du mal a y croire. Mais je maintiens ma demande.
- Voir Luly. Cest lui qui m'a appellé de toute manière, ça ne le gènera pas, au contraire.
- Qui ?
- Luly... Enfin, le président Noiraud. Vous l'appellez comment ?
- Lulian.
- Oui, eh bien je dois voir Lulian.
- Et je fais comment moi, pour vous organiser une rencontre ? Je l'appelle et je l'invite à déjeuner ? C'est un peu gros.
- Vous n'avez pas rendez-vous avec lui, aujourd'hui ?
- Si, pourquoi ?
Il est méfiant. A moi de le rassurer.
- Eh bien alors, je vous accompagne à la Chancelerie !
- Vous êtes sérieux ?
- Bien sûr. J'attendrais le rendez-vous dans un coin, et quand il sera là, j'entrerais.
L'après-midi, je pars avec le Chancelier. Roxane a l'air inquiète, mais je suis confiant. Et puis, je ne peux pas mourir, et Luly non plus, alors au pire, on en viendra aux mains ! Par précaution, j'ai emporté mon anhk, dans ma poche.
Dans le bâtiment, les heures me semblent plutôt des minutes. J'admire inlassablement les peintures de mon Architecte, sur les plafonds comme sur les toiles. Il y a aussi beaucoup de sculptures, très belles. D'autres artistes qui, cette fois, se sont faits tout seuls, ou avec l'aide de leur Ange. Du coup, je ne les connais pas, mais reconnais leur talent.
Enfin, l'heure arrive. J'entre dans le bureau par la porte du fond et m'installe dans un coin, près de la cheminée, seule source de lumière dans la pièce. Officiellement, je suis le jeune protégé politique de Charles, alors personne ne me dis rien. On ne s'étonnera pas non plus de ma présence. La porte s'ouvre, et Luly entre. Comme je suis dans l'ombre, derrière le Chancelier, il ne m'a pas encore reconnu, et s'assied face à son homologue. On allume les lumières et mon ancien camarade affiche peu à peu un sourire ravi.
- Eh bien, Thrawn, comme le monde est petit !
- Oui, le hasard fait bien les choses, n'est-ce pas ?
Il me sourit. Mais dans ses yeux, je vois bien que quelque chose le turlupine.
- Dis-moi, ton épaule s'est bien remise, murmure-t-il.
- Oui, je n'ai pas à me plaindre. Mais, ça t'interresse vraiment ?
- Non.
Ah, on commence enfin à parler franchement.
- Je veux récupérer mon anhk, rien d'autre. Toi, tu en as deux, je trouve ça injuste.
- Peut-être que j'en ai deux, mais toi, tu es président.
- Tu pourrais l'être aussi ! me lance-t-il. Il est si facile de manipuler les mortels ! Il m'a suffit de tester le système de sécurité du Palais Noiraud pour que leur président me nomme comme successeur, après avoir vu mes "talents".
- Leur système politique est étrange...
- Mais il me sied. Allons Thrawn, nous valons bien mieux qu'eux. A deux, nous pourrions enfin les faire progresser comme nous le voulons.
- Je ne te rendrais pas ton arme, Luly.
Il se raidit et son sourire disparait.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que tu n'es pas sufisemment mature pour l'utiliser avec raison sur ce monde.
- Tu te crois plus apte que moi ?
- Non, je me crois plus 7 que toi.
Il me fusille du regard un long moment, avant de reprendre.
- Nous avons deux choix. Le premier est de nous entendre, en partageant nos armes et en règnant de concert sur le monde, pour le guider avec raison vers un avenir meilleur. Le second est de nous affronter. Et cela, risque de causer beaucoup, mais beaucoup de problèmes aux mortels, tu le sais. Surtout avec ma position.
- Oh, je n'ai pas très peur de ton pseudo-KGB.
- Tu devrais pourtant. Il pourrait causer énormément de dégats -il fait une petite pause- à ton entourage.
- C'est une menace ? interroge Mr Valmer. Jusque là je vous laissais discuter, mais si vous ...
- Tais-toi, toi ! Tu ne peux pas comprendre, les enjeux te dépassent, pauvre pion !
- Il a raison, Charles. Cela vous dépasse tous. Cela ne concerne que les 7. Que les Dieux.
- Prends ta décison, mais n'oublie pas : de nos jours, un conflit entre Noirauds et Thrawniens pourrait engendrer l'utilisation d'armes lourdes, dévastatrices. Et ce serait regrettable, n'est-ce pas ?
Il se lève et se dirige vers la porte. Il me lance une dernière fois :
- Tu peux m'appeller quand tu veux. Le numéro de la Présidence est facile à trouver. Le mot de passe, c'est le nom du treizième prof. Je ne l'ai jamais vu mais il me semble, te connaissant, l'incarnation de notre avenir ici.
Et il sort. Je n'aurais pas dû venir. A cause de ce petit crétin, on est au bord de la guerre mondiale ! La seconde...
- Qui est votre 13ème professeur ? demande Charles.
- Il n'enseigne pas, on ne le voit jamais, comme Zeus.
Face au regard intrigué de mon hôte, je suis forcé de préciser :
-C'est Hadès, le Dieu de la Mort.

LE PLAN.
Dans le manoir Valmer, l'heure est à l'abattement. Tout politique avisé qu'il est, Charles n'a pas les compétences d'un chef de guerre, et je le vois mal diriger un Etat-Major. Sa femme, Noémie, n'est pas mieux placée. En cas de guerre, ses actions en bourse risquent de dégringoler. Roxane, elle, est impuissante, sans arme. Mes trois protecteurs sont attablés, tristes, en un silence de mort. Je ne peux pas rester là plus longtemps à supporter cette ambiance et monte à l'étage, dans ma chambre. J'y tourne en rond, rémuant dans mon esprit toutes les solutions. Dans un sens comme dans l'autre, Luly semera le chaos sur Terre 12. Et il nous reste au moins vingt ans à nous supporter ! Si je lui rendais son anhk, qu'en ferait-il ? Sans doute tuerait-il discrètement ses opposants... Je me maudits ! Plutôt que de me faire héberger chez ces gens, j'aurais dû me faire remarquer, diriger un Etat, une entreprise, quelque chose d'influent... Quel idiot !
Mais tout n'est pas perdu. Je peux encore remonter la pente. Il me suffit de devenir comme Luly, puissant. Si Charles ne sait pas mener une guerre, j'y suis moi tout à fait prêt. N'ais-je pas bâtit un royaume, puis une République puissante, de mes seules mains ? Je connais Luly, il donnera des consignes vagues aux militaires : "Prenez cette ville-là en priorité", et restera en arrière, à faire de beaux discours et à gonfler son égo. Ce sera donc à moi de jouer. Mais comment, comment obtenir cette place, tout prêt des militaires et des politiques ? Ils ne vont pas m'accepter, c'est certain.
- Tu as une idée ? lancé-je.
Je me retourne. Roxane est là, devant la porte à peine refermée. Elle était visiblement persuadée que je ne l'avais pas entendue arriver, et est surprise que je l'aie interrogée.
- Une idée pour quoi ? me demande-t-elle.
- Pour me faire accepter au sein d'un groupe de militaires arrogants.
- Outch, pas facile.
Nous nous asseyons sur mon lit, moroses et pensifs.
- En général, il faut au moins avoir effectué son service et être un peu gradé pour qu'ils écoutent un avis...
- Alors je suis foutu. 'Pas fait mon service et j'étais dans le droit.
- Dans le droit ?
- Oui, j'étais un tout jeune avocat, quand j'étais mortel.
- Et c'était ce corps-là que tu avais ?
- A peu près, pourquoi ?
- Pour savoir, comme ça...
Nous restons à penser de nouveau, silencieux, nos regards fixés vers la lune qui illumine la pièce à travers la fenêtre. Les minutes passent et je ne trouve rien.
- Avocat, tu disais ?
- Hmm ? Euh.. Oui, c'est ça.
- Tu connais le fonctionnement de nos Institutions ?
- Je les ai créées, Roxane.
- Tu es à l'aise devant un public ?
- Ca dépend, pourquoi ?
- Parce que j'ai peut-être une idée qui arrangera tout le monde.
Elle me regarde dans les yeux, un sourire angélique sur le visage et le regard flamboyant. On dirait une petite nymphe... en plus séduisant encore !
- Mon père a un ministre plutôt, disons... distrait.
- Il est étourdi ?
- Non, incapable de gérer son ministère avec discernement. Il fait le touriste.
- Charles aurait dû le virer.
- Il ne peut pas, ce type lui a payé en partie sa campagne.
- Soutient politique ?
- Exact. Mais si un conflit se prépare, il faut un remplaçant.
- Tu prend ça avec légerté...
- De toute façon, ton copain à l'air cinglé, alors autant se faire à l'idée.
Pas faux...
- Mais tu arrives sincèrement à m'imaginer au Ministère de la Justice ?
- Je ne t'ai jamais parlé de justice !
- Je dois connaitre les institutions...
- Bien sûr, c'est obligatoire pour être ministre.
- Mais ministre de quoi ?
- Et bien... de la Défense !
Un silence s'installe. Elle, semble fière de son idée, qui fait lentement son chemin vers mon esprit.
- De... la Défense ?
- Tu voulais être proche des militaires, non ? Tu ne trouveras pas de métier plus idéal ! Et puis, tu rendrais service à papa...
- Mais, attends, je n'ai aucunement les compétences pour...
- Tu es avocat...
- J'étais...
- ... Dieu, continue-t-elle, Père d'un nombre affolant de stratèges géniaux, dont tu m'as bien précisé qu'ils te ressemblaient un peu... Franchement, tu as tes chances !
Elle m'observe un moment, mutine. Son idée n'est pas si bête, mais il faudrait l'accord de Charles. Bah, je ne peux pas être pire que le type qui y est déjà. Et ma conscience de 7 devrait me servir. Je vais en avoir plus besoin que jamais, pour éviter la Guerre Mondiale. Ou la gagner.
Je me lève et entraine Roxane derrière moi, la tenant par la main. Nous arrivons au salon, ou ses parents sont dans une discussion calme. Mais leurs visages sont ternes. La menace du conflit les effraye. Je m'assied face au Chancelier et lui explique l'idée de sa fille, rajoutant quelques une des miennes au passage. Elle m'a ouvert une porte pour faire pencher toute la partie en ma faveur. Du moins, si on s'en sort !
Plus je lui explique, plus Charles se fait attentif et concentré, ne m'interrompant pas, délaissant son café. Parfois, il pose une petite question à laquelle il a aussitôt la réponse. Quand j'éprouve une difficulté, par manque de culture politique ou économique, nous trouvons la solution à deux. Nous parlons longtemps, longtemps, décidés à peser avec clairvoyance le pour et le contre de cette nomination. Et finalement...
- Vous ne pouvez pas faire pire que Oswald. Je crois que vous pourriez même faire un très bon (il insiste sur le "très") ministre. Et puis, comme vous avez réponse à tout, ce sera une bonne arme contre les médias. Le tout, c'est de vous inscrire sur la liste de mon parti.
- De votre parti ?
- Eh bien oui. Je prends des gens de gauche et de droite, comme on est en climat de "paix politique", mais si vous êtes avec moi, on se demandera moins d'où je vous sors.
- Logique...
- Allez, je vais me coucher. Je vous inscris demain et on voit dans la semaine pour votre nomination, ça vous va ?
- Oui, il ne faut pas trop précipiter les choses.
- Je le pense aussi.
Il se lève et nous laisse, suivi par son épouse qui nous salue à son tour. Moi, je ne suis pas fatigué. J'irais bien faire un tour dans le parc...
- Alors, me demande Roxane, content ?
- Oui, je pense que c'est le mieux à faire, pour le moment.
Je la regarde. Elle a l'air contente d'avoir pu me rendre ce service. Ca se voit dans ses yeux.
- Merci. Je n'y aurais surement pas pensé sans toi...
- C'est normal, tu aurais fait pareil...
Elle s'est rapprochée de moi.
- Quand même, ça me touche.
- Tu veux savoir, surtout, pourquoi je l'ai fait ?
J'apréhende, mais acquiesse. Doucement, elle s'empare de mes lèvres. Du haut de mon statut de Dieu, j'ai subit la même malédiction que Zeus : tomber amoureux d'une mortelle. Mais à la manière dont elle embrasse, je ne le regrette pas vraiment...

Fin chapitre 6
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMer 1 Oct - 17:47

CHAPITRE 7 : Une autre guerre...

POKER.
Je ne me serais jamais imaginé que les mortels seraient aussi facilement dupés, surtout par moi ! Cela fait maintenant un mois que je suis ministre, et chacun des Thrawniens, ouvrier, parlementaire, officier, l'a accepté. Ils ne savent pourtant pas d'où je sors, ils ignorent ma légitimité. Mais c'est peut-être mes actions qui les ont convaincus que je n'étais pas un simple protégé du Chancelier...
La première semaine, on le pensait pourtant. Plus ou moins méprisé, considéré comme trop jeune et arrogant, mes "chers" confrères étaient distants. Ce qui m'arrangeait. Et puis ç'a été la première marche à franchir. Les Noirauds s'agitaient, rameutant derrière eux les Bonapartes. Les journalistes de tout Terre12 diffusaient des images de convois militaires, de défilés à la gloire de la "dictature commune", et des extraits de discours du Lully. Si à l'Est il s'agissait de propagande, l'effet à l'Ouest était contraire : on critiquait, on montrait les failles politiques. On était en Guerre Froide, voila tout. Et dans mon esprit, par mon expérience sur Terre1 ou bien par mon état de 7, je présentais déjà l'affrontement brutal et sanguinaire.
Charles ne me donna qu'un unique conseil :
- La politique, c'est une gigantesque partie de poker. La donne est faite. Il nous faut savoir jouer avec nos cartes. Et vous y parviendrez certainement mieux que moi.
- Une conscience élevée ne signifie pas un intellect supérieur. Sur cette Terre, vous valez autant que moi.
Ses paroles me laissèrent cependant perplexe. "Du poker...". Et la solution me vint. Comment y gagne-t-on, au poker ? Officiellement, c'est chacun pour soi, mais en vrai ? On s'associe, on se fait des signes, on négocie pour se partager la cagnote. Et surtout, on bluff !
Dès le lendemain, j'étais allé chez les Clémites, au sud de la Thrawnie. J'y avais rencontré le premier ministre, et nous nous étions rejoint sur un certain nombre de points. Le temps n'avait pas entravé le courage de ce peuple, mais l'avait rendu plus prudent. C'est amusant : dans la réalité, mon vieil ami Clément me suivait, et là, son peuple le fait avec le mien. Nos peuples nous ressemblent...
Dès mon retour, j'avais eu un entretient avec le président maupassante, que Charles avait invité sans me prévenir !
- Vous m'avez réveillé, me dit-il. Nous avons jusque là agi ensemble, même si vous étiez en Aeden. Je veux que l'on continue.
Ainsi, je parcourais le monde. Traversant l'océan, j'allais voir les Dupuites. Ayant rassemblé mes alliés, je décidais de commencer à jouer. Le bluff, il n'y a que ça de vrai !
Alors qu'aujourd'hui on salue mes chaleureux entretients avec les grands de ce Monde, je tente un bluff dangereux, en exploitant une faille. Malgré le soutient des Noirauds lors de la dernière guerre, les Matis n'ont jamais rejoint leur Communauté de l'Est. Ils se sont contentés de commercer sagement, en refusant d'ouvrir leurs ports aux Luliens, Molières Dupuites, Clémites et Maupassantes. En fait, seuls les Thrawniens y mettent les pieds, connus pour leur diplomatie, leur honneteté et leur respect de la neutralité.
Une chance à tenter. Dans une demi-heure, je rencontre le Commandeur Matis.

COUP DE BLUFF ?
Je descend lentement de la berline noire aux vitres teintée qui m'a amené ici. Devant moi, un grand batiment blanc de style antique. On dirait un grand temple grec, en plus moderne, plus fleuri. Olympie a influencé Matisse on dirait. En haut des marches, droit, fier et charismatique, un grand homme m'attend, ceintré dans une tenue d'amiral aussi blanche que sa cheveulure. Malgré son air neutre, je sens bien qu'il n'est pas de ce genre d'hommes qui applaudiront à la première promesse qu'on leur fera. Il réfléchira, pèsera le pour et le contre avant de se décider. Un homme intelligent. Quelle chance !
Je monte le grand escalier de marbre taillé et, devant lui, tend la main.
- C'est un plaisir de vous rencontrer, Commandeur.
- J'attendais aussi cet instant, me répond-il.
Dans ses yeux, je vois la même curiosité pour moi que celle que j'éprouve pour lui.
- Vraiment ?
- Mais oui. Quand on m'a annoncé qu'un jeune ministre, dont on le dit aimable et cultivé, voulait me rencontrer, j'ai été très intrigué. C'est rare, vous savez.
- Les politiques ne sont généralement pas si imbéciles que vous le laissez entendre...
- Non, dit-il en souriant pour la première fois, pas chez vous. Mais avec ceux qu'ils considèrent comme d'éventuels ennemis, ils sont distants et se contentent de parler, justement, politique. Cependant, on m'a dit que ce n'était pas votre cas, que vous saviez être tant sérieux que chaleureux...
- Il y a des endroits où le temps n'est pas toujours à la négociation, voila tout.
Il se met à rire de bon coeur et m'invite à entrer. Je ne l'aurais pas cru si bon vivant. Et puis, il m'intrigue. Un peu comme l'avait fait Roxane, au début. Il dégage quelque chose que les autres n'ont pas. Cerait-ce son niveau de conscience que je sens ? Serait-il un 5, un éventuel 6 en devenir ? Nous traversons un couloir orné de peintures superbes, dont je reconnais certaines.
- C'est de l'art Vanien, dis-je.
- Oh, vous avez remarqué ? Vous êtes bien le premier !
- C'est que... D'aucun pensent que votre peuple à tout simplement voulu effacer celui-ci de l'Histoire...
- Ah ! Quel bel exemple de préjugé ! Nous avons voulu le vaincre, pas l'oublier. Un ennemi aussi respectable ! Et puis, il a fini par très bien s'intégrer. Et qui aurait le coeur de détruire si bel ouvrage ? Vous aimez l'art ?
- Oui, même si je ne m'y connais pas autant que je le voudrais...
Il me regarde d'un air ravi, puis nous avançons encore. Nous traversons une antichambre, puis arrivons dans un grand salon.
- Je crains que nous ne devions commencer par les affaires politiques, plaisante-t-il.
- Tant mieux, dis-je sur le même ton, nous serons débarrassés !
Nous nous installons, et commençons l'austère dialogue de la géopolitique. Le brave homme esquive mes tentatives de rapprochement. Il ne désire pas irriter les Noireauds, forcement. Changement de tactique. Par des phrases subtiles, je lui fait prendre de la distance, lui fait partager mon point de vue. Le dialogue dure longtemps. Le ton n'est plus à l'humour, et l'humeur non plus. Je pense à toute vitesse, bien trop vite pour un mortel ordinaire. C'est là la puissance des 7 : sagesse, connaissance et réflexion. Mais le gaillard n'est pas bête. Si je ne parviens pas à lui faire rejoindre mon camp, il promet la neutralité. C'est déjà ça !
Je reste deux jours chez les Matis. En fait, le dialogue politique n'aura duré que quelques heures, mais la compagnie de cet homme n'est pas désagréable. Cultivé, drole et sympathique, il est un mortel des plus interessant. Je repars le deuxième soir. A peine arrivé, Roxane me saute au cou. Je lui rend son étreinte, mais apperçoit de loin le flash d'un appareil photo. Journaliste. J'ai un mauvais pressentiment, désormais...

LULLY STRIKES BACK.
Mais à l'Est, on n'est pas inactif : "Lulian" renforce ses relations avec les Bonapartes, et voyage jusque sur le Nouveau Continent. Il a rencontré hier le Président Lulien, et aujourd'hui le Commandeur Matis. Il veut surement contrer mes efforts.
Dans ses discours, il se fait plus aggressif, critiquant notre économie et notre société. Et puis, après trois mois de voyages divers, il a commencé à bouger. Il rassemble maintenant la Bonaparte, la Noirate et la Lulie dans le Pacte Commun, une sorte de communauté dirigée par lui. Il a les pleins pouvoirs sur ces territoires. Et ses troupes bougent, elles aussi...
Ses frontières territoriales sont longées par des barbellés électrifiés tenus pas des pieux d'acier. Derrière, après un fossé, des miradors munis de mitrailleuses sont reliés entre eux par une muraille de béton armés, duquel dépassent des éclats de verre, pour contrer toute tentative d'escalade. Seules quelques portes blindées, ça et là, permettent un quelconque passage. Mais elles sont plus surveillées encore. Et ces frontières, depuis peu, se sont vues dotées de renforts supplémentaires : les troupes qui, il n'y a pas si longtemps, défilaient fièrement dans les capitales du Pacte.
Mais un matin de décembre, un dernier coup de théatre retentit : la Molière rejoint la Noirate ! Les idées Communes ont gangréné notre allié, qui a retourné sa veste. A la télévision Commune, Lully se félicite de la "clairvoyance d'un peuple resté bien longtemps dans l'aveuglement". L'enfoiré ! Il ajoute que "Bientôt, le monde comprendra que notre gouvernement, notre économie, sont les meilleurs choix à faire pour tous les peuples !"
Et pour se faire comprendre, il utilise les grands moyens : mi-janvier, les Noirauds envahissent la Maupassie. Et sur le Nouveau Continent, les Dupuites ont bien du mal à contenir les assauts simultanés des Molières et des Luliens. Les Clémites et les Thrawniens, pour l'instant épargnés, apportent leur soutient technique à leurs alliés : les flottes traversent l'océan et canardent les côtes Molières alors que des bataillons entiers de chars et d'infanterie protègent les cités stratégiques. Dans son délire, Lully proclame que tous ceux qui refusent de suivre l'Ordre Commun doivent être purifiés par le feu. Rapidement, les prisonniers de guerre sont emmenés dans des camps où brulent de gigantesques fours. On les incinère vivants !
Le monde entre dans une ère d'auto-implosion, une spirale d'énergie destructrice. Les combats se font plus violents, les bombardements massifs quotidiens. Aucune frontière des continents n'est épargnée. Des bombes destructrices ravagent le front. Pas de tranchées, juste d'immenses mélées où les 4 s'abaissent comme de vulgaires 3. Ils se battent, aveuglés par leur rage, leur peur, leur désespoir, pour finir fauchés dans un dernier cri victorieux. Une guerre brutale, futile. Un carnage.
Et dans chaque camp, l'opposition organise des complots, des attentats. Le président Clémite échappe de peu à un assassinat, mais le bras droit de Charles n'a pas cette chance. Sans premier ministre, les choses s'aggravent. Mon protecteur m'offre une promotion, et je prends le poste, alors qu'un général est chargé de la Défense à ma place. Le carnage s'intensifie, à notre désavantage : les Dupuites abandonnent quelques districts à l'ennemi, alors que les Noirauds marchent vers la capitale Maupassante. A l'inverse, des Clémites enragés envahissent la région frontalière de la Bonaparte. Au milieu du charnier qu'est Terre12, je suis contraint de voyager sans cesse. Le QG bouge en permanence : Charles et les autres responsables ont quitté Thrawnia depuis longtemps. Sauf moi. Il en fallait un pour rester avec les officiers, et je me suis porté volontaire. A contre-coeur, Roxane a été forcée d'accepter. Mais maintenant, je regrette. C'est ce bruit dehors, qui fait naître en moi ce chagrin. L'opposition a pénétré dans le Palais, armée. J'en ai assez. Si pour sauver des vies, il faut utiliser les mêmes cartes que Lully, je m'y abaisserai.
Les pauvres révoltés s'attendaient à tout, mais pas à un tir d'anhk. Au milieu des ruines que leur bombe n'avaient pas pu détruire, j'étais le seul debout, conscient au milieu des inconscients...
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MessageSujet: Re: Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber )   Moi, un Dieu - by Thrawn ( d'après l'oeuvre de B. Werber ) Icon_minitimeMer 1 Oct - 17:47

LES DERNIERS SOLDATS.
Je me suis évanoui, et on m'a transporté hors de la ville, sur la côte. On est étonné que je sois entier et surtout, que je reprenne aussi vite des forces.
" Comme s'il s'était guéri tout seul !" s'était exclamé un médecin. S'il savait...
Je suis autorisé à sortir le lendemain, après un énième examen. Roxane est là, sa mère aussi. Charles et les collègues non, bien sûr... L'alarme résonne soudain, et une voix de stentor résonne dans les coursives du bunker :
VAISSEAU EN APPROCHE. NATIONALITE INCONNUE. VAISSEAU EN APPROCHE. TOUS A VOS POSTES. VAISSEAU EN APPROCHE.
Chacun court dans une direction différente. Notre trio pénètre dans la salle de contrôle, où règne un silence presque religieux, uniquement brisé par les bruits de l'électronique et des ordres exprimés à voix basse. Pas d'énervement mais de la concentration, du sérieux. Puis, au bout de quelques instants :
- Mon général, c'est un navire Matis, déclare un soldat.
- Qu'est-ce qu'il fait là ? Dites-lui d'aller accoster plus au Nord.
- Il refuse Monsieur. Il exige de parler à un haut responsable. Il affirme qu'il précède un armada !
- Quoi ?
- Passez-le moi, exigé-je.
- Monsieur, me répond le général, vous ne devez pas révéler votre présence.
- Vous n'avez pas l'autorité de m'en empécher !
Je saisis le micro et m'annonce. La réponse ne se fait pas attendre.
= Sommes frégate éclairant route pour armada. Sommes renforts. Précédons arrivée Commandeur. =
Dans la salle, le silence se fait complètement. Les matis envoie du renfort ? Ils abandonnent leur état de neutralité ? Le Commandeur se déplace en personne ? Un dialogue s'engage.
> Combien de temps avant arrivée Commandeur ?<
= Arrivée ce soir. =
> Accostez quai 8. Confirmez.<
= Confirmons. =
Puis, après une brève hésitation :
> Bienvenue en Thrawnie camarades. <
A la nuit tombée, la flotte Matis a accosté au large de la base. Je suis invité à bord du croiseur principal pour le diner. C'est le commandeur qui m'acceuille, sur le pont, et m'étreint comme un vieux compagnon.
- Vous m'avez fait une sacré peur ! s'exclame-t-il. Le survivant !
- Ce n'était que de la chance...
- Non ! Les Dieux l'ont voulu ainsi. Mais venez, vous devez mourir de froid.
Ses appartements sont sobres mais élégants. Il m'invite à m'asseoir. Nous faisons le bilan de la situation. Elle n'est pas brillante. Plus nous parlons, plus son air se fait sombre, tourmenté. Regreterait-il déjà sa décision ?
- Vous auriez du rester neutre, soupiré-je. Vous vous en seriez mieux sorti.
- Et être soumis à ces saletés de Noirauds ? Jamais de la vie ! Ca fait des années que nous attendions l'opportunité de les quitter !
- Vraiment ?
- Bien sûr. Ce sont des cinglés...
Nous mangeons sans appétit, préoccupés. Lui le semble davantage.
- Allez-y.
- Pardon ?
- Dites-moi.
Il comprend ce que je veux. Nos regards se croisent et je comprends en cet instant que j'avais raison. Après cette vie, il sera accepté dans l'Empire des Anges et, consciencieux comme il l'est, il sauvera certainement l'un de ses protégés. D'ici quelques siècles, il deviendra peut-être, à son tour, élève-dieu en Aeden. Je le lui souhaite.
- Vous savez, demande-t-il amèrement, pourquoi je suis venu ?
- Pour vous libérer ?
- Oui, mais dans ce cas, j'aurais du attendre que chaque camps soit affaibli, pour frapper plus fort. A votre avis : pourquoi maintenant ?
Et les mots me viennent d'eux-même :
- Par patriotisme.
Il sourit tristement.
- Je me doutais que vous alliez trouver. Vous n'êtes pas comme les autres. Vous êtes béni.
- Peut-être...
- J'ai du sang Thrawnien. Nous sommes peut-être parents, si ça se trouve, qui sait ? Si je suis venu, c'est parce que je refuse de laisser s'effondrer la terre qui a vu naître mon père.
- Et si c'était futile ? Si notre heure était venue ?
- Quoi ? s'exclame-t-il. Vous n'y croyez pas ?
- Et si notre Dieu nous avait quitté ? S'il n'y pouvait plus rien, terrassé par l'impuissance ?
- Alors ce serait à nous de prendre les armes, et de lui rendre sa grandeur. Il a toujours guidé les notres alors, s'il avait perdu espoir, ce serait à nous d'agir pour le lui rendre.
Cette fois, c'est moi qui sourit.
- Vous êtes encore plus Thrawnien que vous le croyez.
Il rit doucement.
- Oui, certainement.
Comment faire ? Comment repousser ces flots de soldats, ces vagues de haine ? L'amour est inefficace. Par la peur ? Frapper un grand coup ? La seule solution serait de... Non ! Je ne dois pas aller jusque là ! Et pourtant... S'il n'y avait pas d'autre moyen ? Un coup alors, pas deux. Un seul coup bien placé pour en finir.
- J'ai peut-être une idée... soupiré-je.
A peine ais-je fini de la lui exposer que le Commandeur pali.
- Ce serait... inhumain.
- Non, radical.
- Mais... Si une telle arme échappait à tout contrôle...
- Cela, ce sera à nous d'y faire attention. Je ne compte pas laisser cette Terre sombrer dans les ténèbres. Je préfère sacrifier une région plutôt qu'un peuple entier !
- Alors... Allons-y.
Le conflit fit rage une autre année. Bien qu'ils aient été surpris par mes connaissances, les scientifiques les approfondirent et trouvèrent le moyen de créer cette arme qui pouvait mettre fin à tout. On frémit, mais on n'avait plus le choix.
Début aout, la capitale Noiraude fut frappée par la première bombe atomique de Terre12. Lorsqu'on y envoya une expédition, on ne trouva nul survivant.

APRES-GUERRE.
Les nouveaux responsables du pays signèrent l'armistice, suivis par les Bonapartes, les Luliens et les Molières. Pour ces derniers, on découvrit que le gouvernement extrémiste avait été dictatorial, et que le peuple ne l'avait pas élu. On pardonna.
La Molière et la Bonaparte payèrent fort le prix de la guerre, et la Noirate fut morcelée, pour rendre leur indépendance à toutes les minorités. L'arme atomique fut confiée conjointement aux Thrawniens, Dupuites, Clémites et Matis. Une Fédération des Etats vit le jour et fit le serment de défendre la paix mondiale. Son premier président élu fut Kadem Gilad, Commandeur de la Matisie, qui laissa sa place de chef d'Etat à un chancelier élu démocratiquement. Moi, je quittais la politique alors que Charles s'occupait de reconstruire le pays.
De Lully, je ne reçois toujours pas de nouvelles. Il doit se cacher quelque part, attendant une occasion de revenir. Je ne pense pas que la bombe l'ai tué, lui. Deux années passent. Roxane attend l'enfant que je lui ai fait, la paix et l'entraide sont à l'ordre du jour. Mais mon escapade est terminée, je le sais. Depuis deux jours, une pluie d'éclairs foudroie les montagnes qui forment la frontière entre la Bonaparte et le nouvelle Démocratie Noiraude. Surement les Dieux punissent-ils Lully. Bientôt, ce sera à moi. Je me couche pour la dernière fois auprès de ma belle mortelle, je le sais. Et je sais aussi qu'elle ne m'en voudra pas de retourner en Aeden. Elle a l'esprit suffisemment fort pour l'accepter. Elle aussi, sera bientôt une 6.
Je ferme les yeux, mais mon sommeil est agité, mon corps parcouru de frissons. Bientôt, je ne sens plus Roxane dans mes bras. Puis ce sont les convulsions, douloureuses. Je ne peux pas ouvrir les yeux, mais je hurle. Je ne m'entends pas. Puis je vois. Je tourne à tout vitesse dans un tube de verre géant. Mon corps se déchire, mais je ne le sens plus, maintenant, anesthésié. Mon corps se décompose en atomes, mais je pense encore. Je suis un 7. Mes atomes reforment des molécules et je redeviens solide, plus grand, bien plus grand qu'avant. On ouvre le cylindre, et je tombe en avant. Je sombre dans le sommeil pour de bon, cette fois.


FIN CHAPITRE 7
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